Les cibles des attentats doivent elles aussi être "sensationnelles" (frapper là où il y aura un maximum de victimes) et symboliques (frapper là où l'attentat prendra un sens immédiat de revendication politique). L'attentat de ce samedi 15 août 2009 à Kaboul a ainsi visé un quartier qui figure parmi les hauts-lieux de la présence militaire et diplomatique étrangère : non seulement le quartier général de l'OTAN, mais également les ambassades anglaises et états-uniennes se sont retrouvées ainsi impliquées dans cet attentat ("Kaboul: attentat suicide devant le quartier général de l'Otan, trois morts", RFI, 15 août 2009). Ce quartier est d'ailleurs considéré comme le "quartier diplomatique" de Kaboul, soulignant par là à quel point il s'agit d'un géosymbole de l'action militaire menée par l'OTAN en Afghanistan (voir Sonia Jedidi, "Les enjeux géopolitiques en Afghanistan", Les Cafés géo, 10 avril 2007). Que ce soit à Nouakchott (Mauritanie) le 10 août 2009 devant l'ambassade de France ou les différents attentats devant les ambassades étatsunienne, turque ou iranienne à Bagdad, les ambassades et tous bâtiments représentatifs de la présence étrangère non désirée par certains groupes constituent autant de géosymboles dans ce type d'opérations qui visent autant l'émotion et le sensationnel que l'expression d'une prise de position politique. Le nouvel attentat-suicide à Kaboul est révélateur de la montée de la tension à l'approche des élections présidentielles et cette mise en scène de la violence vise autant l'opinion publique interne qu'extérieure.
A noter toutefois l'enjeu de tels quartiers géosymboles du pouvoir : étant des cibles privilégiées pour toute forme de contestation (depuis les manifestations de contestation jusqu'aux formes les plus extrêmes de la violence), les hauts-lieux du pouvoir dans une ville sont non seulement des hauts-lieux de la violence "extraordinaire" (contrairement aux violences "ordinaires" qui s'ancrent dans l'organisation structurelle de la ville), mais aussi, en réponse à ces violences sensationnelles, des hauts-lieux de la sécurité puisque le maillage sécuritaire y est bien plus dense que dans des zones affectées par des violences ordinaires (pourtant plus régulières dans le temps et dans l'espace). La forte représentation symbolique du pouvoir dans un quartier urbain entraîne à la fois des violences moins nombreuses mais plus sensationnelles, et une réponse sécuritaire bien plus forte que dans des quartiers "ordinaires" : les enjeux sécuritaires sont aussi liés à la forte connotation symbolique des lieux, et la perception d'un quartier comme d'un haut-lieu (du pouvoir, de l'identité...) influence fortement l'organisation du maillage sécuritaire dans une ville.