Hay-on-Wye, Y Gelli en Gallois, est communement appele Booktown par ceux qui l’aiment, et en reviennent les bras charges, le sourire au levres et le regard dans le vague. A l’origine, il ne s’agit que d’un village perdu dans la campagne du Pays de Galle. Dans les annees 60, Richard Booth, diplome d’Oxford et amoureux des mots, decide d’y ouvrir sa librairie. Il rachete le chateau, s’y installe. L’espace necessaire a stocker les livres coute moins cher dans un village qu’en centre ville, il table sur la population plus agee des campagnes, sur une situation ideale a mi-chemin entre Liverpool/Birmingham, et sur la route vers l’Irlande. Pari gagne, c’est un succes. Le village compte a present 38 librairies et se vante de proposer plus d’un million d’ouvrages.
Certaines librairies sont specialisees, comme … Addyman books, pour les polars, ou je trouverai la suite des aventures du PI Marlowe qui utilise des expressions argotiques delicieuses du style “Check if this bird has any iron”, “Thanks lady. You’re English muffin yourself”, “Shake your business and pour it, I need information and I haven’t got all night”… Sur le sol de l’echoppe, une forme de tracee a la craie. Nous aimons egalement Rose’s books, illustrations pour enfants des annees 1950 a nos jours ou l’on retrouve des classiques. D’autres portent plus sur le cinema, le jardin.
Allees etroites, armoires remplies a ras-bord et pliant sous le poids des ouvrages, et meme dans les rues, les cours des etageres pour tenter d’autant plus les passants. Vous entrez, vous prenez un ouvrage, vous sentez son histoire dans les pages deja tournees cent fois, vous respirez ce parfum particulier qu’ont les livres qui sont passes de maison en maison. Vous vous asseyez par terre, vous vous plongez dans l’histoire, entoures de tours de tomes divers. Vous vous sentez dans “le cimetierres des livres oublies” de Carlos Ruiz Zafon. Dedales d’allees qui s’enfoncent toujours plus loin dans le magasin, une legere angoisse de bien choisir les oeuvres a ramener, de ne pouvoir le emmener toutes. Cet atmosphere un peu feutree, un peu tamisee, un peu poussiereuse aussi. L’impression que la, quelque part se trouve LE livre qui comme the Shadow of the wind ” vous attend depuis des annees, peut-etre meme avant votre naissance”. Vous aussi liberez des livres “de la prison de leurs etageres”. Ces echoppes hors du temps vous rappelle aussi la bibliotheque des moines, veritable labyrinthe, dans “Au nom de la rose”. Elles sont toutes a vous, vous aimeriez y revenir de hnuit chandelle a la main, our une atmosphere encore plus mysterieuse. Vous passez d’autres ombres fascinees comme vous. Vous vous arrachez au bonheur des mots avec un volume choisi avec amour serre contre vous.
C’est un village… suspendu entre les epoques. Petites maisons, un etage, pas plus, pierre grise du Pays de Galle, des girouettes en forme de poisson (on peche beaucoup dans la region). Aucune marque en vue, tous les magasins sont independants. L’un affiche fierement “Not one book in sight!”. De petites boutiques d’art ravissent les yeux, cafes et delis fleurissent au detour d’une rue. C’est l’endroit ideal pour chiner, flaner – peu de circulation, le parking est a l’exterieur de la ville. Les pierres ont pris la patine des annees et des intemperies. Vous habiteriez bien la, loin de tout…