Performances d'acteurs sans texte

Publié le 08 juin 2009 par Fousdetheatre.com @FousdeTheatre

Reprise pour cause de franc succès la saison passée, "La Estupidez" (traduisez : "La Connerie") de Rafael Spregelburd est donnée jusqu'à la fin de cette semaine à Chaillot par cinq remarquables comédiens: Karin Viard, Marina Fois, Pierre Maillet, Grégoire Oestermann et Marcial Di Fonzo Bo qui assure par ailleurs une mise en scène magistrale.

Extrêmement bien mis en images grâce à une scénographie très cinématographique (multiplication des lieux) à l'esthétique US des années 90, ce road movie théâtral dont on vous épargnera le pitch inracontable a le mérite (s'il n'a que celui là...) de permettre aux artistes de proposer une ambiance, un climat et des personnages magnifiquement dessinés et interprétés, drôles souvent, et si l'on prend plaisir à découvrir leur créativité, les compliments s'arrêteront là, malheureusement.

Faisons abstraction des prétentions hautement intellectuelles et philosophiques de l'auteur qui ne se prend, à lire sa note d'intention dans le programme, franchement pas pour de la m... et penchons-nous sur le message délivré réellement par cette "connerie": RIEN !

Pendant pas moins de 3h30, L'histoire est sans enjeu, et sans fin. Cela se voudrait aussi subversif, dérangeant et provoquant que du Copi, mais on n'atteint pas le tiers du quart de son talent; Spregelburd tente également de jouer du côté de Tarantino, de par l'hystérie, la violence de l'action ou des propos mais il n'ose pas, c'est terriblement petit et presque gentil, beaucoup trop propret. Cela n'est ni bien ni mal écrit, déroule du dialogue et des situations au kilomètre qui ne sont audibles et intéressants que par le talent extraordinaire des comédiens qui, soulignons aussi la performance,  interpétent 24 personnages à eux cinq.

Quand il n'y a rien à raconter, à quoi sert de tirer à la ligne ? Une heure et demie aurait largement suffit à cette peinture pas désagréable à l'oeil mais terriblement indigeste sur la longueur.

Rafael Spregelburd ne parvient qu'à une chose : confirmer le proverbe qui dit que "Plus c'est long... Plus c'est long !". Et c'est bien dommage !