Magazine Culture
Terence Davies signe là un très beau film sur Liverpool, la ville de son enfance. Un film nostalgique, poétique, conduit par une voix profonde, par une présence véritable. Un film sur la perte qui enchantera les plus âgés et que le regard neuf de nos jeunes années viendra faire briller. Le film n'est nourri que par la nostalgie, c'est dommage : s'il montre ce qui faisait la poésie d'un monde désormais englouti, il reste aveugle à la beauté du présent et aux promesses de nos jours à nous. Terence Davies ne parvient pas vraiment à faire le deuil de cette ville qu'il a connu, c'est-à-dire de son enfance. Tout ce qu'il y avait avant était mieux, semble t-il nous dire. Les choses ont changé, et non son regard. Terence Davies peint là le gouffre du temps à travers la vision d'un espace, d'une ville, en ruine : mon esprit s'incline devant tant de beauté et ma jeunesse s'insurge face à tant de nostalgie. Le film est poétique et éblouissant. Mais j'aurais envie de lui dire que c'est aussi au regard de changer, de louer la poésie passée et de construire celle du présent, de lui dire que les crépuscules des uns sont les aubes des autres.