Kito était un ami parti malheureusement bien trop tôt terrassé la semaine dernière par son "crabe" (telle était son expression).
Sa crabologue a bien fait ce qu'elle pouvait depuis plus de deux ans mais cela n'a pas suffit.
Kito était un lecteur régulier de ce blog.
Militant de nombreuses justes causes et athé convaincu.
Je lui dédie ce texte de Michel ONFRAY extrait des Féeries Anatomiques. Généalogie du corps faustien
Rien, vraiment rien ne dure, ne reste, ne subsiste ?
Si, l'âme....
Mais de grâce,définissons la autrement que dans les catégories du matériel et de l'immatériel, du mortel et de l'immortel.
Sortons des histoires à dormir debout des partisans de l'esprit qui conduit au ciel et de l'âme comme trace du divin à même d'assurer notre salut.
L'âme d'un mort coïncide avec le souvenir laissé par lui dans la mémoire de ceux qui l'ont connu, côtoyé, aimé.
Ni réductible à la matière, ni relevant de l'incorporel, elle a l'étoffe des songes, des rêves, des souvenirs et des images.
Elle exprime le corps - vivant ou mort - sur le principe de l'ubiquité, en dehors du temps et de l'espace, du moins, dans tous les temps, dans tous les espaces des individus qui se souviennent et se remémorent.
Un terme convient pour la dire : l'aura.
Chacun suppose une seule occurrence, une éventualité élue sur des milliards , autant dire une probabilité extraordinaire.
L'excellence de l'individu - comme celle d'une oeuvre d'art digne e ce nom - consiste en cette élection magique tellement improbable à priori.
Du spermatozoïde après sa rencontre avec l'ovule au cadavre en cours de décomposition., le corps enregistre une histoire sans double.
Cette odyssée d'une chair à laquelle toute vie se résume oblige à un seul et unique devoir :
Ne pas la gâcher.
D'où les impératifs catégoriques : sculpter son existence, construire son excellence, fabriquer son destin, peaufiner son être, produire un style... j'ajoute : résister.
Tu nous a donné cette leçon de vie.
Nous allons la retenir.