Je l'ai souvent dit : en France, on n'a pas de pétrole, et on n'a plus d'idées non plus. Enfin, plus d'idées ... sauf lorsqu'il s'agit de faire tenir un peu plus longtemps des systèmes collectivistes rocambolesques alors que tout indique un écroulement prochain. Et c'est donc avec une inventivité et, ne le cachons pas, un cynisme en airain que notre gouvernement va raboter les retraites, alors même que, crise oblige, les finances du pays sont de plus en plus catastrophiques...
La polémique enfle tout doucement dans les médias et sur la blogosphère alors que les différents acteurs prennent leurs marques.
Tout a commencé avec l'utilisation parfaitement logique de l'égalitarisme poussé à son comble. Comme habituellement dans ce pays, petit à petit, le bon sens s'efface devant les droits foutraques de chaque groupe d'individus avec une particularité quelconque (ethnique, sexuelle, comportementale ou physique). Ici, un père de famille a attaqué l'état - et gagné - pour l'absence d'égalité de traitement lors de son départ en retraite : ayant eu des enfants à charge, il entendait disposer du même décompte d'annuité qu'une femme ayant eu elle-même des enfants.
Le problème du résultat de ce jugement est qu'à présent, les pères de famille qui partent en retraite sont donc en droit de réclamer un décompte d'annuités identique à celui des femmes. Devant l'état général des finances, on comprend que le gouvernement se soit jeté dans la brèche.
Dans un premier temps, il s'est agi essentiellement de valider l'aspect "égalitariste" de la mesure : vite, vite, mettons tout le monde sur un pied d'égalité. C'est la Fraônce, une et indivisible, qui en a besoin ! Et dans un second temps, on va faire l'égalité par le bas, ce qui revient à raboter les droits accordés aux mères.
Voilà qui est savoureux.
Et c'est ici que commence l'imbroglio politico-économico-comique.
Car d'un côté, il faut absolument arriver à faire tenir ce p-tain de nom d'une pipe de b*rdel de système de retraite par répartition auquel personne ne comprend plus rien, et donc, pour ce faire, trouver partout où l'on pourra les moyens de financer l'énorme gouffre qu'il représente. Raboter les pensions distribuées ne constitue certes pas une solution élégante, mais c'est tout de même une issue possible, au moins pour ralentir la chute de l'édifice : on colmate les trous des murs porteurs avec du plâtre, mais au moins, le papier peint ne gondole pas trop.
Le financement de la retraite : simple et facile
Mais de l'autre, laminer ainsi les retraites, c'est toujours mal vu par ... l'électorat, et un habile politicien comme Mariton n'a pas manqué de remarquer que cette manoeuvre risquait de coûter de précieuses voix à la majorité.
Or, question bidouille budgétaire, le Mariton, il s'y connaît: l'emprunt volontaire pas obligatoire mais forcé et par ici la bonne soupe, c'est lui.
En outre, après avoir trouvé finement que finalement, l'égalitarisme, cause principale de la déliquescence avancée du pays, pourrait aussi être une solution sympathique pour faire tenir les choses un peu plus longtemps, nos élites pensantes se sont dit qu'il serait encore mieux que cette nouvelle donne, ce nouveau mode de calcul soit rétroactif : non seulement, on réduit les pensions futures, mais en plus, on peut ainsi diminuer les pensions courantes.
Et bien sûr, dans les médias traditionnels, on présente l'ensemble de cette magnifique épopée comme des mesures visant à l'égalité Hommes / Femmes. Le soupçon qui pourrait s'insinuer dans l'esprit du lecteur chafouin que tout ceci masquerait, en réalité, des gesticulations effrénées pour trouver de la ressource sur un système agonisant n'est jamais évoqué, ni dans la presse économique, ni dans la presse politique.
Car, voyez-vous : tout va mieux ! A en croire Christine (qui s'occupe des cacahouètes de Michel et Jean-Louis, au Balto), on se stabilise à fond les manettes, et la France va retrouver, guillerette, la croissance, les emplois et un moral d'acier dans les prochains mois.
Si on ne lisait pas ça dans des journaux sérieux, on se croirait dans un album de Charlotte aux Fraises.
Il faut en effet un optimisme fraisi-content pour trouver dans la situation actuelle de quoi se réjouir : chaque action gouvernementale ne se résume plus, maintenant, qu'à une longue litanie de création de taxes en tous genres pour colmater et camoufler les pertes abyssales que le pays subit depuis quelques temps.
Et chaque fanfaronnade sur la disparition plus ou moins planifiée d'une taxe (professionnelle par exemple) cache en réalité l'apparition d'une nouvelle ponction plus douloureuse encore.
Pour le moment, la majorité occupe encore un peu le terrain, notamment politique, en passant des alliances risibles et foireuses avec les groupuscules de chasseurs ou de villieristes. Risibles car à ce train, la "famille" UMP deviendra un fourre-tout où chacun viendra y piocher les finances et le soutient nécessaire pour se faire élire, en totale indépendance de toute ligne directrice - ce qui conforte le sentiment que la droite n'existe plus - , et foireuse, car plus un organisme grossit, et plus celui-ci tend à devenir instable, ce qui n'est pas difficile à comprendre en regardant l'explosion du PS qui avait enflé (et gonflé) plus que de raison dans une gauche plurielle gloutonne.
Mais à la rentrée, et dans les mois qui vont suivre, il faudra, encore, faire des comptes. Il faudra trouver de l'argent pour payer les retraités, les chômeurs, les RMIstes et la sécu. Il faudra bien trouver des ronds pour la fonction publique pléthorique.
Et ce n'est pas avec la fraisi-croissance de 2010 qu'on va se sortir de la fraisi-marmelade dans laquelle pédalent de tous leurs petits mollets les ministres et leurs affidés.
Moi, je dis ... ce pays est fraisi-foutu.