Oui, la question peut paraître complètement débile : elle part en vacances bien sûr. Et bien non, la journaliste beauté ne peut pas partir en vacances durant tout le mois d'août. Déjà parce qu'elle n'a pas 10 semaines de congé par an, mais aussi parce qu'elle doit continuer à "produire du contenu". Il faut bien que vous ayiez encore des choses à vous mettre sous la dent non ?
Alors la journaliste beauté au mois d'août essaie de s'occuper comme elle peut. Je vous explique le problème : tous les services de presse (ou presque), ne répondent pas. Ils sont fermés, laissés à l'abandon parce que "de toute façon il n'y a personne"... etc. etc. Vous allez me dire : mais t'as pas besoin d'attachée de presse pour écrire ton article ? Tu prends une crème, t'en parles avec amour et puis hop, tu mets une photo et c'est plié. Et bien non !
J'en viens alors à vous parler de : Comment qu'on fait un article beauté. (Question qu'on me pose à chaque fois que je rencontre de nouvelles personnes).
Pour commencer, il y a deux types majeurs d'articles : les maronniers et le reste. Les maronniers, ce sont les articles qui reviennent tous les ans. Genre les cadeaux de Noël, la Fête des Mères, les crèmes solaires, les parfums d'été, les nouvelles palettes de maquillage, etc. etc. Ce sont, en gros, des articles pour lesquels on ne réfléchit pas trop sur le thème, mais plus sur la forme. Le but étant de ne pas faire le même article que l'an passé en changeant simplement les produits, ni de faire la même chose que le concurrent. Les autres articles, ce sont des idées originales que l'on a, soit en voyant un nouveau produit, soit grâce à une interview que l'on décroche, etc.
Je vais donc prendre l'exemple le plus facile pour tout vous expliquer, à savoir un maronnier. Admettons que je fasse un article sur les mascaras de la rentrée (celui-là vous allez sûrement le voir !). Que se passe-t-il ? A partir du moment où on a le thème, s'opère alors le choix des produits dont on va parler, et forcément, ceux dont on ne va pas parler.
Arrive alors la deuxième question que l'on me pose le plus souvent : Comment tu choisis les produits dont tu parles ? Simple. Comme je reçois tous les produits (et c'est d'ailleurs pour cela que je les reçois), je peux les tester. Je vais donc mettre les produits que j'ai aimé, ceux qui m'ont interpellée et ceux qui, je pense, plairont. C'est objectivo-subjectif si on veut. Si un mascara est moyen mais n'est vraiment pas cher, j'en parlerai, car il en faut pour tous les goûts et pour toutes les bourses.
Alors oui, quand il s'agit de mascara, je peux tous les tester. Le plus simple à traiter, c'est le maquillage. Pour essayer une palette, cela prend quelques minutes. Mais quand on arrive aux soins, c'est plutôt compliqué. Impossible de tester correctement tous les produits qui sortent, pour la simple raison qu'une crème se teste en 4 semaines. Imaginez combien de personnes devraient être mises à contribution pour tout tester ! Et pour être totalement objectif, il faudrait tester le même produit sur plusieurs types de peau... Alors non, on ne teste pas à proprement parler. Je dirais plutôt qu'on goûte les crèmes. On les applique une fois ou deux, sur le dos de la main la plupart du temps. On les sent, on regarde si après l'avoir appliquée la peau est grasse ou prête à recevoir le maquillage... Bref, on goûte et on passe à la suivante.
Bref, pour en revenir à mon article sur les mascaras, je fais donc mon choix. Si je vois qu'un nouveau mascara est sorti et que je ne l'ai pas reçu, hop, petit coup de fil à l'attachée de presse pour qu'elle me l'envoie et que je puisse le tester. Le but est de réunir tout ce qui est nouveau pour n'en sélectionner que la crème.
Autre question que l'on me pose souvent : si une marque achète de la pub chez vous, vous êtes obligée d'en parler en bien tout le temps ? Pour répondre, disons que la déontologie varie sûrement selon les supports. Certains le font, d'autres adoptent une technique plus subtile. Acheter de la pub, c'est cool, mais ce n'est pas pour cela qu'ils servent la soupe. Dans une sélection de 10 produits, les produits dont les marques achètent de la pub seront généralement mieux mis en valeur. Pour autant, ils ne vont pas ajouter un produit mauvais parce que la marque achète de la pub. Si un produit est mauvais, ils ne vont pas le descendre, juste préferer ne pas en parler. D'ailleurs, on voit très, très rarement des critiques négatives sur les produits de beauté dans la presse féminine. On voit d'ailleurs peu de critiques tout court dans la presse féminine. Peu de magazines notent les produits. Ou alors les notes sont comprises entre 7/10 et 8/10...
Bref, une fois la sélection effectuée, j'écris mon texte. Pour ça, c'est simple : un mélange entre ce que je pense du produit et les informations plus techniques que je ne peux pas inventer : la brosse est en peau de chamois, la formule contient du charbon, etc. etc.
Une fois le texte terminé, c'est presque fini. On récupère les visuels (soit direct dans le dossier de presse, soit auprès de l'attachée de presse de la marque) et là, c'est fini. On met tout ça en boîte, on maquette et hop, on passe au suivant.
Maintenant que vous connaissez le processus, vous comprenez le titre de mon article : que faire au mois d'août, complètement délaissée par les bureaux de presse... (Et je vous raconte pas ce que c'est pour le service mode... dix fois pire). Personne pour répondre à mes questions, personne pour me fournir un joli visuel... Bref, on a un peu l'impression de faire le boulot à moitié. Vivement le 24 août, jour où tout Paris rentre au bercail.