En août, pas de relâche contre les sans-papiers

Publié le 14 août 2009 par Juan


L'omerta médiatique semble jouer à plein concernant la traque des sans-papiers. Mercredi, la Ligue des Droits de l'Homme a interpellé Eric Besson. Les polices du ministre de l'identité nationale continuent leurs (basses) oeuvres, pendant cette période fragile et propice à la discrétion médiatique.
  • Deux familles avec des enfants, scolarisés en France et âgés de 3 et 4 ans, sont détenues depuis le 30 juillet au centre de rétention de Marseille.
  • Deux autres familles avec enfants ont été interpellées à domicile et placées au centre de rétention de Metz à la fin du mois de juillet: la famille Tatli, turque d’origine kurde, vivant à Lure en Haute Saône, avec le père Turabi, son épouse Gulcan et leurs trois enfants Godge (lycéenne), Guriezm (collégienne) et Halil (9 ans) ont été emprisonnés le 27 juillet . La petite Zandala, albanaise, 8 ans, est retenue au même endroit avec ses deux parents. Son père est menacé en Albanie.
  • Au centre de rétention de Toulouse, une mère togolaise et sa petite fille de 2 ans sont toujours détenue.
  • A Lyon, deux familles ont été placées en détention.
  • A Lille, deux familles avec des enfants de 4 ans et de 8 mois sont également retenues dans un centre.
  • Près de Mulhouse, deux parents et leur bébé de six mois ont été arrêtés et transférés à Nîmes. (Source: HNS-info)
Certaines d'entre elles ont été libérées par les juges des libertés et de la détention. Une militante de RESF expliquait, dimanche 8 août, la vacuité de cette traque: "A cause de la politique du chiffre, la police vise sans distinction les sans-papiers seuls ou accompagnés de leur famille. Seulement dans le cas des familles, les préfectures hésitent à expulser des enfants donc elles n'expulsent qu'un parent, le plus souvent le père. Cette politique favorise les escroqueries: les parents expulsés finissent par revenir en France en utilisant les réseaux clandestins et en s'endettant lourdement, certaines associations profitent également de la détresse des sans-papiers en leur promettant des régularisations en échange d'argent".
Eric Besson a répondu aux critiques de la LDH, qui s'indignait de la rétention d'enfants. La réponse est surprenante. Le ministre explique que les conventions internationales impliquent surtout de ne pas séparer les parents de leurs enfants: "le maintien de l’unité familiale constitue dès lors la priorité des pouvoirs publics." Tous au coffre ! Besson ajoute: "la bonne application de la loi implique que le seul fait d’avoir un enfant mineur ne puisse constituer un obstacle à la reconduite d’une famille en situation irrégulière. Toute autre pratique contreviendrait à notre politique de maîtrise des flux migratoires, indissociable de la lutte contre l’immigration irrégulière." Chacun son éthique, chacun son chemin.
Ces situations d'infortune ne sont pas l'apanage de la France. En Grande-Bretagne, une nouvelle loi a été votée le mois dernier. En Italie, une nouvelle loi est entrée en vigueur le 8 août. L'immigration clandestine est désormais un délit.
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