Vincent Strauss, gérant du fonds Magellan

Publié le 14 août 2009 par Sylsol
(le fonds a été dans le portefeuille mais ne l'est plus !)
"En misant sur des sociétés solides, nous nous protégeons contre une rechute des marchés émergents en Bourse"
Spécialisé dans l’analyse des pays émergents depuis près de 30 ans, Vincent Strauss, gérant du fonds Magellan, ne mise que sur un nombre limité des sociétés jugées exceptionnelles. Une gestion efficace dans la durée. Le fonds a grimpé de 212% en 10 ans. Soit 4 fois plus que la moyenne des concurrents. Il prévient qu’à court terme les Bourses des pays émergents pourraient être encore soumises à de fortes fluctuations.
Capital.fr : Quelle est votre philosophie de gestion ?
Vincent Strauss : Notre gestion très prudente vise avant tout à réduire la forte volatilité des marchés émergents. Grâce à nos 16 analystes répartis entre Paris, Tokyo, Hong-Kong et Bombay, nous ne sélectionnons que des sociétés offrant une forte visibilité et qui ont la capacité d’imposer leurs prix. Ce qui généralement rend leurs titres moins volatils que les indices. Nous n’investissons que sur un nombre limité de valeurs, une quarantaine, sur lesquelles nous avons de fortes convictions. En effet, nous gardons en portefeuille les valeurs au moins 5 ans. Nous évitons les valeurs bancaires et les titres très cycliques, mais aussi les produits dérivés. En raison de cette gestion très conservatrice, notre fonds recule moins que les autres quand les cours chutent mais il ne profite pas autant de la hausse des marchés comme c’est le cas depuis février. Cette stratégie séduit toutefois les clients, en 2008, nous avons fait face à peu de rachat et aujourd’hui l’encours sur le fonds est au plus haut historique.
Capital.fr : Dans quelles régions êtes-vous présents ?
Vincent Strauss : Nous avons un biais assez contrariant. Nous ne misons pas que sur les BRIC, Brésil, Russie, Inde et Chine. Certes, ces pays drainent beaucoup d’argent car ils attirent de nombreux investisseurs occidentaux mais notre instinct nous guide vers des zones moins populaires. Ainsi, nous avons des titres de l’opérateur de télécoms MTN basé en Afrique du Sud qui opère sur tout le continent. Nous sommes aussi investis au Mexique ou encore à Taïwan.
Capital.fr : Le rebond des Bourses des pays émergents signifie-t-il que cette zone est sortie de la crise ?
Vincent Strauss : L’envolée des cycliques ces derniers mois est un écran de fumée. Les valeurs des pays émergents ont rebondi car les gérants rassurés d’avoir évité une crise systémique, investissent en Bourse depuis février une partie de leurs liquidités. Désormais, le marché voit tout en rose et les prévisions sont trop optimistes. En effet, la croissance dans ces pays ne reviendra qu’avec le retour des excédents commerciaux, c’est-à-dire avec une amélioration de la situation dans les pays développés. C’est pourquoi nous estimons que les marchés émergents ne sont aujourd’hui plus du tout bon marché. Bien sûr, dans 5 à 10 ans, la croissance dans ces pays dépassera celle des régions occidentales. Mais, à un horizon plus court, on peut s’attendre à un repli des cours.
(Emilie Tourneux-Martin - Capital.fr - 12/08/09)