Au pays de Voltaire, on devrait au moins s’étonner que des millions d’hommes à travers le monde croient plaire à leur dieu en voilant les femmes, et non pas d’un fichu de grand-mère mais d’un linceul d’infamie. Si tel est le plaisir du Très-haut, il est un sot, laissons-le dans son coin, à supposer d’ailleurs qu’il y ait un dieu et qu’il s’occupe de nous. Après l’auteur de Tartuffe (« Cachez ce sein que je ne saurais voir »), l’auteur de Zadig s’était mis à dos notre Eglise en démasquant, il y a deux siècles, les devins charlatans, pères la pudeur et imposteurs qui brandissaient la croix pour mieux mettre les familles et les peuples sous le joug. Combat donc toujours à refaire !
Qu’en 2009 des musulmans croient sincèrement à l’essence divine d’un fantasme vestimentaire, c’est possible : mais la sincérité ne peut excuser indéfiniment la naïveté. S’efforcer de penser par soi-même n’est pas un devoir facultatif. Certes très difficile, quand on subit au quotidien une dictature théocratique ; les plus courageux tentent d’y secouer la tyrannie des clergés, comme on le voit en ce moment en Iran. Mais au moins, quand on vit en France, dans le pays éclairé qui vous accueille, on doit profiter non seulement de ses avantages sociaux mais aussi de ses acquis philosophiques.
Devoir pour devoir, celui de nos intellectuels et de nos gouvernants est radical : afficher une entière résolution à faire barrage de nos valeurs et de nos lois à la récurrente tentative de saper les fondements de notre démocratie laïque. Or voilà qu’on parle de réfléchir, de créer des comités, de peser le pour et le contre, le zist et le zest, etc. Non ! Fadéla Amara sait de quoi elle parle, c’est elle que le Président Sarkozy et nos Assemblées, toutes tendances confondues, doivent suivre, et vite : interdire catégoriquement la burqa dans nos villes.
La rue est à tout le monde ? Oui, elle est donc un espace public, relevant des choix républicains. Comme on a tenu bon sur le voile à l’école et dans les administrations, il faut faire front contre l’envahissement progressif de cette camisole sexiste, insulte à la raison, à la liberté, à l’égalité ; insidieuse tentative d’importer chez nous l’obscurantisme et l’asservissement, à l’heure où nous prétendons les combattre en Afganistan. Toutes les considérations sur la liberté religieuse, le respect des cultures et le droit des femmes (car évidemment on leur fait dire que c’est leur choix) ne tiennent pas une seconde. Que le président Obama gère comme il veut chez lui son melting-pot, Londres comme elle veut son communautarisme. Rien ne nous contraint à l’alignement. L’honneur de la France est de savoir dire non toute seule s’il le faut.
Le port de la burqa n’est pas un signe de croyance religieuse , comme le refus systématique d’un obstétricien masculin n’est pas un signe de pudeur : ce sont des armes sournoises de subversion et de conquête. Il faut les traiter comme telles sur notre sol, sans état d’âme, avec l’absolue certitude de défendre, à travers la dignité des femmes même, l’esprit chèrement payé au fil des siècles d’une civilisation qui nous ressemble.Arion
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