Rarement un long métrage n’avait été aussi attendu par une cohorte de fans tout excités. Quand la Warner a annoncé que "Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé" voyait sa sortie repoussée de plusieurs mois, l’onde de choc a été mondiale et a forcé le studio américain a justifier sa politique commerciale.
La Major ne voulait pas, semble-t-il, qu’il y ait un écart de deux ans entre la sortie du 6ème volet et celle du chapitre final des aventures du petit sorcier à lunettes (dont on a appris depuis que le 7ème opus, "Harry Potter et les Reliques de la Mort", prendrait la forme d’un diptyque).
En parcourant la toile je me suis rendu compte que ce sixième chapitre divisait les foules en France même si le long métrage trône en tête du box office depuis près d’un mois.
Je dois vous avouer que je me range dans la catégorie des spectateurs qui ont fortement apprécié ce film. Indiscutablement je trouve le long métrage mis en scène par David Yates (déjà à la barre dans l’opus précédent) plus mature, plus sombre
Albus Dumbedldore (Michael Gambon) guide Harry Potter (Daniel Radcliffe) dans sa lutte contre les forces du mal qui resserrent leur étau autour de Poudlard. L’école des sorciers a cessé d’être un havre de paix et de quiétude. L’obscurité gagne du terrain sur la lumière.
A la demande de Dumbeldore, le professeur Slughorn (Jim Broadbent) revient reprendre sa carrière, lui qui fut autrefois le mentor de Tom Jedusor.
Mais la vraie raison de sa présence est que l’enseignant connaît un secret à propos de Lord Voldemort (Ralph Fiennes). Un souvenir semble être au centre de toutes les intrigues.
Du côté des apprentis sorciers l’heure est à l’amour et à ses tracas. Ronald Weasley (Rupert Grint) est assailli par la passion dévorante de Lavande Brown (Jessie Cave) au grand désespoir d’Hermione Granger (Emma Watson). Harry s’éprend de la sœur de Ron, Ginny (Bonnie Wright). Ces moments de bonheur fugace permettent aux élèves d’oublier quelque peu le temps des troubles qui semble se profiler à l’horizon.
Harry fait d’énormes progrès en sorcellerie grâce à un mystérieux livre qui appartenait autrefois au Prince de Sang Mêlé.
Severus Rogue (Alan Rickman), professeur de défense contre les forces du mal, devient le vassal du seigneur des ténèbres sous l'impulsion de Bellatrix Lestrange (Helena Bonham Carter) . Il prend sous sa coupe Drago Malefoy (Tom Felton). Lord Voldemort fonde beaucoup d’espoirs dans l’éternel antagoniste d’Harry Potter.
Je dois vous avouer que synthétiser l’histoire en quelques lignes relève d’un sacré défi. J’ai essayé de me limiter aux résumés qui circulent ici ou là sans trop vous en révéler.
Permettez moi de partager tout d'abord avec vous la simple joie de replonger avec
bonheur dans cet univers féérique fait de sortilèges, de potions magiques, de créatures étranges. Je ne vais pas touner autour du pot. Un voyage de plus dans le monde la magie se suffit à
lui même.
Indéniablement le scénario de ce sixième volet est peut être le plus riche de la saga, le plus abouti. L’écriture est d’une finesse incroyable. Les développements sont étonnamment complexes et fouillés. Les intrigues sont nombreuses. Elles se répondent et se nourrissent mutuellement. Le scénariste Steve Kloves va au bout des choses.
Chaque personnage est creusé, développé, mis constamment en perspective. Le passé et le présent se fondent en un tout avec bonheur. Chaque héros a ses propres failles, ses doutes, ses espoirs. Le temps est aussi venu que les masques tombent et que le mal se révèle sous toutes ses formes.
Les notions de sacrifice, amitié, amour, colère, jalousie ne sont pas jetées pèle mêle à l’emporte pièce. Nous observons que les êtres changent, les sentiments évoluent et que les jeunes sorciers devenus de vrais adolescents sont avant tout des êtres qui connaissent les mêmes problèmes existentiels que les Moldus. L’amour divise et l’amour réunit. Les liens du passé et du présent se reforment ou se dénouent au gré des événements.
Même si nous sommes en plein coeur d'un film où la magie tient une place
prépondérante, il n'en est pas moins vrai que l'accent de ce nouveau long métrage est mis sur ldes choses basiques où "matériau humain" tient une place toute
particulière.
Le tour de force de "Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé" est de nous tenir en
haleine pendant près de 2h30. Nous savons que le mal et ses sbires tissent leur toile avec méticulosité autour de Poudlard. L’échéance qui verra s’affronter Harry et Lord Voldemort est proche.
Les événements se précipitent.
Constamment le film rebondit en ce sens. Le spectateur sait que la peur, l’angoisse progressent en ces temps troublés. Ce qui rend l’ambiance particulièrement étouffante et dense. Visuellement nous avons l’impression que les élèves délaissent pratiquement les salles de cours, l’essentiel se trouvant ailleurs.
Avec naturel les séquences incroyablement denses et parfaitement mises en scènes
s’enchaînent à un rythme hallucinant. La scène d’ouverture de la destruction du pont du Millenium à Londres, tournée avec la technologie IMAX, est l’un des moments d’anthologie du long métrage.
Les parties de Quidditch, l’arrivée de Dumbledore et de Harry aux abords de la caverne de Voldemort sont des instants qui nous collent au siège.
Mais vous n’avez là qu’une infime partie des trésors que recèle "Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé".
L’intérêt vient également d’effets spéciaux hauts de gamme. Ces derniers s’adaptent naturellement à la ligne scénaristique du long métrage. Les personnages sont cernés par les ténèbres, l’heure est à la peur. La palette des tons sombres est d’une prodigieuse richesse.
Poudlard est un univers qui évolue sans cesse de film en film. A chaque nouveau long métrage, des détails de cette architecture pleine de démesure nous sont proposés. L’école des sorciers est un personnage à part entière qui continue à nous charmer. Ce formidable assemblage produit toujours le même effet sur votre serviteur : je suis émerveillé.
Daniel Radcliffe, Rupert Grint et Emma Watson font leur métier avec sérieux. Michael Gambon incarne un Dumbledore avec beaucoup de classe.
Dans l’opus précédent je regrettais que Maggie Smith et Robbie Coltrane aient moins de matière. Ici c’est
encore le cas. Certains personnages sont relégués au second plan alors que d’autres émergent. Je déplore qu'Helena Bonham Carter n'ait pas plus de place dans la sage. Son tour viendra peut
être.
La composition de Jim Broadbent est l’un des points forts du film. Son jeu est plein d’amplitude et de talent.
Alan Rickman sait jouer les traites avec un naturel déconcertant. Tom Felton donne du corps à son personnage de Drago Malefoy.
Mais désolé Messieurs : la palme de la révélation va à deux jeunes actrices : Jessie Cave, l’amoureuse envahissante de Ron Weasley, et Evanna Lynch qui joue Luna Lovegood, sont deux très bonnes surprises. La première interprète l’excès avec plein de dynamisme alors que la seconde nous surprend par une sorte de détachement plein d’humour. Deux talents à suivre.
Franck Dillane (Tom Jedusor à 16 ans) impose son visage de marbre et glace le spectateur d’effroi.
"Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé" se révèle être un opus très réussi qui s’inscrit parfaitement dans la lignée des précédents. David Yates s’empare de l’œuvre de J.K Rowling avec assurance et son long métrage pose les bases de l’affrontement final. Harry Potter et ses ami(e)s sont au bord du précipice, l’ombre de Lord Voldemort plane sur l’école des sorciers et nous sommes toutes et tous impatients d’en savoir plus.
Ce sixième film nous émerveille à chaque moment. Il bénéficie d’une grande
finesse scénaristique, d’une plastique léchée et d’un jeu d’acteur dense.
Incontournable.