Certains ne semblent pas avoir besoin de vacances : les paysans, les chercheurs, les dirigeants, les gouvernants. Pourquoi ?
Contrairement au reste de la population, n’est-ce pas ceux qui subissent le moins de contraintes humaines ? Ils sont soumis à des contraintes (la nature et ses lois pour le paysan), certes, mais qui sont bien plus supportables que la routine taylorienne de l’ouvrier, ou le métro boulot dodo de l’employé ? Ce qui use l’homme, c’est le diktat des lois humaines, la robotisation de son existence ?
Si cette explication est correcte, les vacances permettraient de retrouver un peu de libre arbitre. Deux idées qui vont dans cette direction :
- Durkheim, dans son étude sur le suicide, note qu’on se suicide au rythme du calendrier de l’activité humaine. Sans que nous nous en rendions compte nos décisions sont contrôlées par les cycles sociaux.
- L’économiste Thorstein Veblen a étudié les classes supérieures américaines de la fin du 19ème siècle (The theory of the leisure class). C’étaient des classes oisives dont toute l’activité (à commencer par la consommation) était ostentatoire. Galbraith (The Industrial State) se demande où est maintenant cette classe. Il la retrouve dans les universités et à la tête des entreprises : elle a réussi à faire passer son oisiveté pour un travail.