Du Nazisme, d'Hitler, etc, les textes officiels ont réussi à nous faire penser et croire pendant des décennies que, dans l'Histoire, il s'agissait d'un trou noir que nul n'avait pu réellement anticiper, prévoir, annoncer. Avec cet ouvrage, Enzo Traverso fait tomber les masques et révèle l'ampleur des racines d'une civilisation européenne, "blanche", violente qui ont crée les conditions, intellectuelles mais aussi sensibles, de cette violence nazie, en Allemagne et hors d'Allemagne, dans les pays colonisateurs du 19ème siècle, ... Pendant la période majeure de la colonisation du monde par l'Europe et principalement au 19ème siècle, le racisme est devenu le substrat de la conscience européenne, "blanche", êtres civilisés confrontés à des sauvages. Le massacre des Communards par les Versaillais en 1871 est mis en perspective, par la violence des propos et des idées des "bons Français", bourgeois et nobles, contre "la populace", "ce ramassis de bandits, de criminels et de prostitués" (sic !). Mais ce sont les chapitres consacrés à la première guerre mondiale qui sont essentiels parce que l'auteur démontre comment "la vie humaine", celle des soldats mais aussi des civils (car il y a eu des camps de concentration et des déportations dès la première guerre mondiale), est devenue sans importance. Reste que les origines de cette violence européenne ne sont pas interrogés dans ce livre, avec la fondation, lors du Moyen-Age, d'une classe d'inclusion et d'exclusion, la noblesse, dont les sentiments et les idées à l'égard des non-nobles ont dépassé radicalement et pour la première fois ce que l'Histoire avait connue.