Je suis dans ma période polars en ce moment, j'ai envie de suspense, de dénouement inattendu et de dévorer des livres dont j'attends la fin avec impatience. Ce roman de Craig Johnson remplit parfaitement son rôle et je ne lui en demanderai pas plus. Je ne connaissais pas du tout l'auteur mais je me suis fié à une bonne critique dans une revue, le petit plus supplémentaire étant qu'il est édité chez Gallmeister et que pour moi c'est une référence. Jusqu'à ce jour je n'ai jamais été déçu par leur catalogue, tous les bouquins lus chez eux dégageant un parfum enivrant d'Amérique et de grands espaces.
Deux ans après le viol d'une jeune indienne nommée Melissa Little Bird par quatre adolescents blancs, l'un d'eux est retrouvé assassiné près de la réserve Cheyenne. Le premier de la liste ? La vengeance est un plat qui se mange froid. Le shérif Walt Longmire va mener l'enquête.
On n'échappera pas à certains clichés, l'inspecteur est usé par les ans et vit seul, ses quelques adjoints ou adjointes vont bientôt le quitter etc. mais ça fait partie du plaisir à lire certains polars. Vu le contexte, un petit bled du Wyoming et le viol d'une indienne, nous aurons aussi le copain indien du shérif, un grand costaud patron d'un bar miteux et last but not least, le plaisir de parcourir la région dans des pick-up bringuebalants alors que le blizzard se lève et que la neige commence à tomber. Ajoutons quelques pincées de mysticisme local et voilà un bouquin qui tient la route.
La construction de certains passages peut dérouter au début mais l'auteur ne manque pas d'humour et certains dialogues entre le shérif et son pote indien, peu loquaces l'un comme l'autre sont assez amusants. La lecture du roman provoque le visionnage mental du film qui pourrait en être tiré. Il semble que ce livre soit le premier traduit, d'une série de cinq, dont l'inspecteur Longmire soit le héros récurrent. J'attends la suite avec plaisir.
« Je mis en route le Bullet et fis tourner le moteur, je remontai les fenêtres et examinai mon œil droit dans le rétroviseur. C'était un bel œil droit, malicieux mais d'une élégance nonchalante. L'oreille droite était aussi remarquable, une belle oreille, somme toute, bien formée avec un lobe bien détaché. La patte était un peu grisonnante, juste assez pour donner du charme, et la couleur était bien assortie au feutre gis de mon chapeau. Un homme ou, pour être plus honnête, un œil et une oreille de bien belle allure. Je ne cédai pas à la tentation de tout compromettre en ajustant le rétroviseur pour en voir plus. »
Craig Johnson Little Bird chez Gallmeister