L‘article concernant Paris Cinéma attendait sagement…
Paris Cinéma | 2 au 14 juillet 2009 | Journal de bord
Nous voici dans la capitale pour couvrir le festival. Le ciel est incertain, le soleil joue à cache-cache avec les nuages. Qu’importe, je suis ici pour m’imprégner des mystères du cinéma, blottie dans des salles obscures, le temps clément ou pas, ne m’impressionnera pas.
Première étape, direction MK2 Bibliothèque où se nichent les bureaux du festival. Cela fait un moment que je ne suis pas revenue, mais le « MK2 B » n’ pas changé et le quartier non plus, juste un peu plus d’enseignes. J’observe son parvis qui jouxte celui de la BNF : on aperçoit des promeneurs en ballade ou en arrêt.
Paris Cinéma marque en quelque sorte le début de l’été alors flotte toujours comme un air festif. Des cinéphiles en goguette. L’équipe organisatrice poursuit son pari de faire de ce festival un évènement convivial et populaire. Côté programme ? Un cinéma présenté sous l’angle d’évènementiels plutôt séduisants :
• Une ouverture très médiatique (Monsieur le Maire de Paris, Madame la Présidente du festival…) et une clôture publique ponctuée par un ciné-concert original dans un beau cadre, le CENTQUATRE.
• Sexy comédies d’Asie. Au Latina, la nuit entière du 4 juillet consacrée au… On a donc affaire à tout ce que vous souhaitez savoir sur… sans jamais oser le demander, version Asie.
• Paris CinéMômes affiche toujours animation sur animation. Une rareté Panda petit panda (pour ceux qui veulent avoir tout vu, tout savoir des débuts du studio Ghibli. C’est destiné à un très très jeune public. Bref, c’est loin d’être le maillon indispensable) , une sublime curiosité Sita Chante le Blues (whouaa), un imposant Là-Haut (whouaa).
• La présence de Naomi Kawase, proche et très abordable.
• La rencontre avec Tsai Ming Liang dans un endroit rêvé, l’auditorium du Louvre. Le Louvre et son parfum de déjà-vu pour le réalisateur de Visages.
• Deux autres masterclasses valant à elles seules le détour : quand l’art cinématographique vous est conté par Claudia Cardinale ou Nuri Bilge Ceylan.
Cela tombe parfaitement pour la Turquie, pays à l’honneur. Nuri Bilge Ceylan aujourd’hui est considéré comme le réalisateur emblématique du cinéma turc. Mise au point très attendue sur un cinéma et des contrées peu connus, les courts et longs métrages ainsi que les regards croisés Allemagne-Turquie ont attiré l’attention. Se présente le surprenant Crossing the Bridge – The Sound of Istanbul qui révèle une vision atypique et en musique de la capitale. Le documentaire tourné par Fatih Akin (à qui l’on doit l’excellent Head-on) confirme qu’il reste un réalisateur à suivre de près. Quant à Summer book, on y parle avec des acteurs non professionnels et peu de moyens, de la famille, de l’été qui passe, de la vie et d’un décès aussi. Une question posée au réalisateur du film Seyfi Teoman par une personne dans l’assistance « Etes-vous par hasard influencé par Hou Hsiao Hsien car votre film que j’ai beaucoup aimé me rappelle Un Eté chez grand-père ? » m’amène à la digression qui suit. Monsieur du public, si vous vous reconnaissez, je pense la même chose. Et j’irai plus loin, ce livre d’été me rappelle par ailleurs l’inoubliable Un Temps Pour Vivre, Un Temps Pour Mourir (vers lequel je me tourne si souvent). Impression confirmée par la réponse de S. Teoman « HHH fait parti des réalisateurs que j’apprécie et son A Time to Live, A Time to Die a inspiré mon propre film sachant qu’il est aussi en partie autobiographique. Et surtout parmi mes influences, il y a de nombreux cinéastes asiatiques dont un maître : Edward Yang. J’aime cette manière de filmer en retenu, presqu’en silence et peu démonstrative ». My Only Sunshine de Reha Erdem, bien que non dénué d’intérêt, m’a parue trop désespéré pour me plaire. Je n’oublierai pas en revanche les traits de la toute jeune Elit Iscan, belle, douée, un charme cachée sous une opulente chevelure. En définitive le pays à l’honneur a eu droit à une bonne représentativité.
Avant d’oublier, je fais un saut entre deux séances pour écouter Yang Ik-june présentant Breathless. Toujours blagueur et facétieux en dépit d’une désagréable mésaventure à Paris (il s’est fait voler portefeuille, mobile et lunettes de soleil à son arrivée). Les cheveux ont juste poussé depuis Deauville.
Le festival s’étend sur dix jours, une longue durée pour une manifestation de cette envergure. On ne peut pas tout voir, on ne peut pas être partout. L’état de fait justifie un choix discrétionnaire. Alors mon intérêt concernant le(s) cinéma(s) d’Asie a retenu cette plaisante idée : les réalisateurs asiatiques hors les murs (voyez avec Ryuhei Kitamura, bientôt une critique de Midnight Meat Train à lire). Ang Lee n’est-il pas un artiste en résidence ? Du reste, Taking Woodstock clôt élégamment cette année la remise des prix.
Comme fréquemment qualifié, le Festival Paris Cinéma est un agréable rendez-vous reliant tous les cinémas, de tous les horizons, dans toutes les directions. Toutefois l’animal mutlicéphale n’en perd-il pas la tête ? Comme fréquemment critiquée, la diversité plurielle engendre une gestion difficile. Elaguer paraît une opération douloureuse mais nécessaire.
Composition du Jury 2009
Vikash Dhorasoo
Chantal Lauby
Aïssa Maïga
Linh-Dan Pham
Bruno Putzulu
Palmarès longs métrages 2009
Prix du Jury : L’Autre Rive de George Ovashvili
Prix du Public : La Nana de Sebastián Silva
Prix de l’Avenir : Vegas : Based on a True Story d’Amir Naderi
Palmarès courts métrages 2009
Prix du Public : Diplomacy de Jon Goldman
Prix CinéCinéma : Vostok’ de Jan Andersen
Prix de l’Emotion KooKaïFilms : L’Autre Monde de Romain Delange
Pour m’accompagner, le premier jour…
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Pour m’accompagner, dès le second jour : échange des souliers rouges contre de confortables tongs…
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Corridor menant immanquablement aux projections programmées par le festival
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Pour patienter : fauteuil duo
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La scène, en vue de la remise des prix
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Cocktail pour la clôture officielle du festival le 13 juillet au Limelight
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Limelight : joli cadre, ambiance agréable et pas guindée
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Linh Dan Pham. D’une exquise élégance.
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