C’est un rude coup pour ceux qui persistent à nier que le climat se réchauffe. Si jusqu’à présent et à ce propos on en était réduit à des hypothèses vaguement étayées par quelques présomptions comme la soudaine prolifération des burqas dans nos banlieues ou des ibis sacrés d’Egypte dans le Morbihan, cette fois la preuve est faite. Elle est éclatante, indiscutable et terriblement anxiogène : la piraterie est de retour sous nos riantes latitudes !
De fait, nous venons d’apprendre que l’Artic Sea, paisible caboteur immatriculé à Malte et propriété d’un armateur panaméen, a subrepticement disparu, en plein milieu de la Manche et avec tout son équipage russe cuisinier chinois compris, alors qu’il voguait sans faire de vagues vers l’Algérie pour y livrer une cargaison de bois finlandais.
Du coup, comme d’hab’ avec la mondialisation ultralibérale, il faut s’attendre au pire. Même si « Restons Correct ! » n’a pas pour habitude d’affoler les populations maritimes ou littorales, il faut quand même les avertir, principe de précaution hauturière oblige.
Car le risque existe bel et bien : celui de voir Barbe Noire, Rackham le Rouge et le Capitaine Crochet croiser massivement au large des côtes bretonnes en vue d’y rançonner lâchement Josette et Marcel, innocemment partis pêcher le maquereau à la traine au large de Cézembre à bord du Fend les Flots III, un pimpant « pêche-promenade » de chez Bénéteau qu’ils viennent d’acquérir d’occase et à crédit.
Sans compter que depuis le temps qu’ils se la coulaient douce du côté de l’île de la Tortue, occupés qu’ils étaient à creuser des trous sous les cocotiers pour y planquer le fruit de leurs rapines, ces redoutables forbans ont certainement pris des habitudes détestables.
Pas sur par exemple qu’ils renoncent facilement à boucaner le cochon sur la grande plage de Saint Lunaire pour aller se nourrir comme tout le monde de (vraie) galette-saucisse. Pas sur non plus qu’ils acceptent aisément de ne plus se mettre minable au rhum agricole dès le petit déj’ pour s’abreuver de Red Bull comme n’importe quel autre campeur.
On peut vous le révéler : retranché au PC de la brigade de Saint Briac et en attendant les renforts d’ores et déjà promis par monsieur Hortefeux, l’adjudant Poilàla se fait quand même des cheveux sous son képi.
On peut le comprendre : ya d’quoi !