Dans le métro, elle croque des portraits.
Je la vois.
Un jeune homme s'assied. Elle le dessine.
Je les vois.
Elle lève le regard, le baisse, le lève au gré des coups de crayon.
Elle le regarde.
Ils ne me voient pas.
Il descend du train. Elle descend et le suit.
Je descends et la suis. Je les suis.
Je ne suis pas dans ses croquis.
Ils sont dans les miens, dans mon esprit. Je les possède, ils ne savent pas.
Après quoi court-il? Elle lui court après.
Elle le perd de vue. Je l'ai perdu.
Elle s'arrête, s'asseoit, ouvre son cahier, le regarde qui est parti.
Elle dessine les gens qu'on ne voit qu'une fois dans sa vie.
Je les regarde qui lisent par-dessus l'épaule, qui pensent, se taisent.
Je regarde ce silence.
Elle écoute les traits de ses esquisses.
Ils sont à elle.
Ils m'échappent encore.
(Réédition du 25/03/07)