Je vous propose de nous attarder sur des oeuvres qui pourraient échapper à une visite rapide, dictée par la course aux chefs d'oeuvres médiatiques. Laissons donc de coté les Leonard de Vinci.
Salle Percier. Ami lecteur, pas de chef d'oeuvre oublié ou à redécouvrir. Il est en effet difficile de manquer les fresques de Boticelli. Néanmoins, je vous recommande de prendre le temps de la contemplation, et de ne pas vous laisser entrainer par le flot des touristes qui courrent en direction du Graal : la Joconde et les noces de Cana.
Salle Fontaine. Faire un stop impératif pour admirer le calvaire de Fra Angelico, fresque qui ornait autrefois une paroi du réfectoire du couvent San Domenico de Fiesole, à proximité immédiate de Florence, et dont Fra Angelico fut longtemps l'un des frères, puis le prieur à partir de 1450. Fra Angelico est sous doute l'un de mes peintres favoris et je vous incite très vivement à prendre tout le temps nécessaire pour pénétrer l'émotion de la vierge et la douceur du christ en croix.
Salon Carré. Difficile de passer à coté du Cimabue et du couronnement de la Vierge de Fra Angelico. Néanmoins, là-encore, je ne peux que recommander la contemplation chez Fra Angelico des couleurs, de la douceur des visages, de l'incroyable rendu du marbre (dont on a pu pu dire qu'il était un prémice de l'abstraction).
Difficile aussi de manquer les Giotto. Donc j'insisterai sur l'annonciation de Bernardo Daddi qui est une petite merveille :
A regarder les visiteurs de cette salle, je remarque régulièrement que ceux-ci s'arrêtent sur les Botticelli, un peu moinssur les Lippi, mais qu'ils manquent la bataille de San Romano du florentin Uccello. Or cette oeuvre, dont il existe deux autres panneaux assez semblables aux Offices et à la National Gallery est un chef d'oeuvre très important de l'histoire de l'art. Ami lecteur, arrête toi et observe l'étrange mise en scène, les couleurs surprenantes des chevaux, des soldats.
Et pour finir, dans ce salon carré, allez re-découvrir que le Louvre possède un Benozzo Gozzoli :
Grande Galerie. On entre ici dans l'un des lieux les plus fréquentés (et de ceux dont le vacarme est le plus insupportable) du musée. Humblement, je vous propose sans plus de discours la sélection suivante. (dans le sens de la visite)
Sur votre droite,
Ghirlandaio : avec ce très touchant portrait d'un vieil homme avec un enfant.
Puis sur votre gauche,
Bellini : avec un calvaire et une vierge à l'enfant entourés de Saints (mention spéciale à ce dernier tableau pour sa composition "bellinienne" que j'aime énormément) :
Puis sur votre droite,
Piero di Cosimo : avec cette magnifique Vierge à l'enfant avec une Colombe, empreinte de mélancolie (?), ce qui est assez mystérieux, et porteuse du miracle de l'incarnation. Vous noterez par ailleurs que Picasso dans sa période bleue semble marcher dans les pas de cette peinture : un oubli de l'exposition Picasso et les maitres !
Toujours sur votre droite,
Le Pérugin, qui a tant inspiré Raphael. "La Vierge et l'Enfant entre saint Jean-Baptiste et sainte Catherine d'Alexandrie"
Puis, sur votre gauche cette fois-ci,
Lorenzo Lotto. Cherchez bien cette toile qui est sans doute l'une des plus petites de la grande galerie par ses dimensions. Un St Jérome perdu (ou qui se retrouve ?) au milieu d'un paysage tortueux. Un St Jérome à la pose d'ailleurs tortueuse.
Et à nouveau à droite,
Andrea Del Sarto, l'un de mes peintres favoris. Qui nous confirme que le maniérisme florentin dont il est l'un des grands représentants n'est en rien moins intéressant que la brêve renaissance "Classique" qui le précède. Vous retrouverez deux superbes toiles. Une allégorie de la charité et une une vierge à l'enfant avec St Elisabeth et St Jean le baptiste.
A suivre ...