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A Claire, ma cousine…

Publié le 23 avril 2009 par Ivanoff @ivanoff

Samedi 11 Avril 2009

« Il faut que tout soit beau ».

Ce fut ton ultime désir, comme une dernière adjuration à  nous qui survivions, puisqu’hélas ton heure était venue…

Comme un voeu improbable que tu aurais quand même voulu tenter au regard de l’importance de l’instant, tout alors t’a semblé réalisable…

Mourir…

Et supplier ceux qui restent d’oublier tout ce qui rétrécie notre humanité : oublier les querelles vaines, la lâcheté et la paresse, effacer l’inertie, rêver de solidarité et d’audace, de chaleur et de partage…

Il faut sans doute approcher au plus près cette interruption définitive de notre Temps terrestre pour croire à  ce possible universel !

Toutes les imperfections de ce Bas-Monde apparaissent alors dérisoires et l’imminence de la Mort laisse penser qu’il est forcément perfectible, comme si tous ceux qu’on laissait vivants étaient capables de cette transcendance juste parce qu’ils ont du chagrin…

Mais c’est oublier qu’ils ne restent que des humains tandis que peut-être l’Instant nous élève…

Tes forces s’éteignant et te laissant au bord du Partir, il y avait une urgence à  réclamer un peu de paix une fois le message passé…

Tu as voulu une dernière prière à  plus de douceur, plus de simplicité.

« Il faut que tout soit beau »… Peut-être souhaitas-tu que tout soit enfin en harmonie ?

Claire… Personne, certainement, n’a aussi joliment porté ce limpide prénom.

Claire, fine, lumineuse, pétillante, ballerine évidemment…

Je me souviens de toi comme d’une bulle de sourire et de fraîcheur… Claire comme un éclat de rire !

Les années sont passées, je ne t’ai jamais revue, ma cousine mutine, auréolée de ton métier de grâce…

Je n’ai pas su prendre de tes nouvelles quand il était encore temps… On se quitte gamine, on se perd de vue femme, on se retrouve malade, on ne se connaît plus, on n’ose plus ou mal, on n’imagine jamais assez combien le temps nous est compté…

Claire, je regrette de ne pas t’avoir mieux connue, mais puisqu’aujourd’hui je ne peux raccommoder nos absences, je vais essayer de broder « bellement » ton Après…

En partant trop tôt tu me permets d’agrandir ma famille en renouant des liens de tendresse avec tes soeurs… Si l’ouvrage est loin d’être achevé, gageons que j’y mettrais tout mon coeur et si, le dernier point noué, le résultat n’est pas une oeuvre d’art, il sera au moins une oeuvre de mémoire et de coeur…

Au revoir jolie cousine, merci de nous avoir laissé d’aussi jolis devoirs de vacances…


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