Je viens d’écraser une araignée !
Elle ne m’avait rien fait, elle s’était juste échappée de mon bouquet…
J’avais cueilli quelques branches de mon lilas blanc, et tandis que je les posais dans un grand vase rempli d’eau claire, elle a tissé un fil pour quitter les bourgeons et descendre jusqu’au parquet. Elle agitait ses fines pattes de tous les côtés pour courir plus vite et se cacher entre deux lattes du plancher.
Mais cette bestiole toute en crochets et agilités m’a fait frissonner, j’ai eu très peur qu’elle ne vienne plus tard se glisser sous mon oreiller… Alors, avant de la voir filer sans que je puisse la rattraper ni savoir où elle irait se faufiler, ben, bêtement, je l’ai assommé du bout de mon soulier !
Aussitôt je l’ai regretté ! Quelle idée d’ainsi tuer une si petite araignée qui voulait juste s’en aller…
Jamais elle n’aurait eu la fantaisie de me piquer, les animaux n’ont jamais cette cruauté sans nécessité ! Elle était toute recroquevillée, elle n’avait plus rien d’une bestiole, ça n’était plus qu’une minuscule petite boule noire immobile…
Tristement je m’apprêtais à la ramasser délicatement dans un papier, quand soudain elle s’est remise à gigoter… Vous pensez bien que je n’ai pas hésité… Vite j’ai pris mon courage à deux mains, j’ai poussé ce petit bout de vie dans le papier prédestiné, et je me suis dépêchée d’aller la poser dans le jardin.
Là, je l’ai vu agripper un brin d’herbe et disparaître derrière la bordure de l’allée, à cette heure elle doit goûter la fraîcheur de cette nuit de Mai, et vous savez quoi ? Ben moi, je suis drôlement contente de lui avoir rendu sa liberté ! Pauvre petite araignée ! Elle ne m’avait rien demandé ! Les petites bêtes qui nous font trembler, faut juste les chasser, ou bien les reconduire là où elles ont leurs habitudes, mais pas les assassiner !