Frousse…

Publié le 17 juillet 2009 par Ivanoff @ivanoff

Silence… Absence…

Soudain une pesanteur.

Le soir inquiète et plus aucun matin ne rassure.

Les heures s’allongent ou paraissent trop courtes.

Le miroir renvoie une image désemparée, la mine est grave et le regard anxieux.

L’âge ne se maquille plus et grise le teint.

L’Avenir se dérobe et semble ne plus vouloir tenir ses promesses tandis que le Présent s’effrite…

Trop d’interrogations encombrent les pensées sans y trouver la moindre réponse.

Et brusquement…

Retrouver le temps de regarder le ciel et s’étonner de ne l’avoir que si peu admiré…

Caresser l’écorce d’un arbre et respirer les odeurs du jardin après la pluie, pleurer en écoutant les oiseaux chanter, ne plus écraser les araignées du soir et chasser celles du matin…

Se souvenir de ses prières, vouloir à tout prix croire en quelque chose ou en quelqu’un, donner aux talismans des pouvoirs qu’ils n’ont pas et ne plus jamais se moquer de ceux qui à genoux supplient…

Se troubler en comptant ses années et s’avouer stupéfaite qu’elles aient si vite passé, ne plus oser compter celles qu’on voudrait tant avoir encore à vivre…

S’alarmer d’un frisson, laisser son corps parler, lui offrir un peu plus d’attentions, le découvrir fragile au détour d’un élancement…

Trouver urgent de prendre un « rendez-vous », n’en plus finir de se tourmenter de l’avoir si facilement obtenu…

Et attendre…

Attendre mais n’avoir de patience que parce qu’on redoute d’apprendre…

Pénétrer dans une de ces mornes salles d’attente aux murs sans âme, s’assoir sur une chaise fagotée de skaï, ne pas oser toucher aux revues grasses et écornées abandonnées sur une table basse…

Sourire timidement à celles qui vous observent pour oublier leur propre peur, et baisser les yeux pour mieux masquer l’angoisse qui s’est pesamment installée…

Tendre l’oreille, deviner quelque murmure secret annoncé par le medecin à côté, craindre de voir enfin son tour arriver, refaire mille fois d’horribles calculs de probabilités et à peine accueillie, scruter dans le regard du praticien une gaîté qui rassurerait…

Et puis soudain se sentir aussi légère qu’une bulle de savon et sentir ses lèvres dessiner un sourire, remercier tous les dieux de l’Olympe et se jurer d’honorer toutes les promesses qu’on a faite…

S’éblouir d’un rayon de soleil qu’on avait peine à imaginer au sein d’un ciel immensément bleu, oublier toutes les questions griffonnées sur le petit bout de papier froissé, rire d’un rien, refaire aussitôt des projets, et vite vite s’en aller d’un pas léger…

Croiser en partant celles qui ont eu moins de chance, enjamber la douleur qui traine au milieu du couloir, déjà oublier la frayeur pour n’en retenir que le bonheur d’aller bien, savoir qu’il y aura encore beaucoup d’autres « demain », et courrir loin, loin, loin…