Plus j’y travaille, plus j’y réfléchis et plus j’arrive à la conclusion que l’idéologie anglo-saxonne du libre-échange est un non-sens économique, une catastrophe sociale, un péril démocratique et porte une très grande responsabilité dans la crise économique et financière actuelle.
Ce qui ne signifie pas pour autant que je préconise le retour d’un protectionnisme à la Colbert, la systématisation de barrières douanières voire une idéologie de l’autarcie.
Le libre-échanges, avec des différentiels de salaire de 1 à 30 aboutit à faire de la Chine principalement, mais aussi de quelques autres pays, les manufactures de l’Occident, mettant en concurrence directe les ouvriers européens avec leurs homologues chinois. En France, le choc, en terme de chômage, de l’ouverture européenne du début des années 70 n’était pas encore amorti que s’y est surajouté celui de la mondialisation.
Si le premier a pu maintenir les principaux avantages sociaux, le différentiel des salaires du second est tel qu’aux (1)délocalisations s’ajoutent (2) la baisse des salaires et du pouvoir d’achat dans les pays développés, classiquement donnés comme une des causes de la crise actuelle, (3) la remise en cause des avantages sociaux acquis par un siècle de luttes sociales (santé, conditions de travail, …), (4) le transfert des entreprises aux particuliers d’un maximum des charges, (5) de l’ensemble des dispositifs (règlementaires et démocratiques) hérités du Conseil National de la Résistance, et (6) l’impuissance des politiques.
Le libre-échange, et la mondialisation financière, s’ils ont permis un décollage économique de la Chine, du Brésil et de l’Inde, se double d’une explosion des inégalités, y compris dans ces pays-là, qui détricote les liens et tissus nationaux et sociaux, épanouissant les particularismes de tous ordres, y compris les fanatismes religieux.
Plus grave, mettant en cause la survie de l’humanité, le libre-échange appuyé sur une libre-entreprise fabriquant une idéologie de la sur-consommation pille les biens naturels communs, pollue gravement l’eau, l’air, accélère l’épuisement des matières premières, déséquilibre le climat et annonce un lot de catastrophes de tous ordres. Les tensions actuelles (même si, avec la crise elles ont momentanément baissé) sur les prix de l’énergie et des matières premières sont révélatrices d’un monde et de ressources finies annonçant la fin du mythe de la “croissance” telle qu’elle est classiquement définie.
La suite demain…