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Paris-Brest de Tanguy Viel

Par Sylvie

Editions de Minuit, 2009
Paris-Brest
Incontestablement, Tanguy Viel est l'une des plumes les plus talentueuses de la nouvelle génération d'écrivains français. Des histoires qui n'ont l'air de rien mais qui, sous des allures de divertissements futiles, détournent habilement les codes.

Jusqu'à maintenant, Viel s'était intéressé aux codes du polar et du film noir dans L'absolue perfection du crime et Insoupçonnable : histoire de petits escrocs malhabiles, plutôt risibles mis en scène de manière très cinématographique.

Ici, Tanguy Viel signe une vraie-fausse biographie et se joue des rapports entre fiction et réalité à travers une mise en abîme très habile : le narrateur, "Je" raconte son histoire scabreuse avec sa famille lorsqu'il se décide à écrire son roman familial pour dévoiler les secrets de famille : une grand-mère qui devient millionnaire sur le tard, un père vice-président du club de foot brestois accusé de malversations financières, obligeant la famille finistérienne à s'exiler à Palavas-Les-Flots pour vendre des cartes postales, une mère prête à tout pour choper les millions de grand-maman, spasmofilique à ses heures, un frère homosexuel...Le Paris-Brest, ce n'est pas du gâteau, mais l'allée que fait le narrateur pour retrouver sa famille à Noël sur les côtes du Finistère ; dans sa valise, fi de cadeaux. A la place, le roman familial en question...

Sauf que de ce roman, nous n'aurons droit qu'à de petits épisodes dans le livre, qu'il dit enjolivés car il s'agit d'un roman.

Biographie dans une biographie ? Où s'arrête le roman ? A travers cette biographie dans la biographie, Tanguy Viel mène le lecteur en bateau.

Il en ressort une intrigue jubilatoire qui tient plus cette fois-ci au théâtre vaudevillesque qu'au cinéma ; des personnages assez "petits", "caricaturaux" qui se chamaillent autour de l'argent de la vieille ; l'auteur/narrateur/personnage règle ses comptes avec sa famille mais il ne vaut pas mieux qu'eux. Des scènes mémorables d'engueulades, de quiproquos ; mention spéciale au personnage de Kermeur, le petit escroc, héros malgré lui, très attachant tout de même.
L'écriture, toujours tournée vers l'action et cet art consommé de la "scène", est beaucoup plus ample que d'habitude : elle s'allonge, créant un rythme saccadé, haletant, qui ne s'accorde aucune pose.
C'est très ironique, méchant et tellement divertissant !




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