Inutile de vous dire à quel point j'étais excité à l'idée d’aller voir mon idole kraut, Damo Suzuki, le chanteur de Can. Pour cette prestation vocale, il fut accompagné du groupe Japonais Drum Eyes : une machine de guerre oppressante composée de deux batteries rigides (quoiqu’un peu simplistes), un guitariste noise tout fou qui faisait vibrer ses cordes avec sa voix, un trompettiste free, et une basse sursaturée aux lourdes suites de notes. Au sein de ce vacarme organisé, Damo Suzuki était d'une simplicité et d'une modestie exemplaire, sans le comportement du vieux dinosaure des années 70 dépassé par les événements. Sa vitalité était aussi très surprenante: il a improvisé sans relâche sur une heure de musique non stop, construisant progressivement des mélodies chantées à répétition. J'avais peur de retrouver le Damo Suzuki à la voix rauque de l'EP Please Heat This Eventually de 2007 avec Omar Rodriguez. Il n'en était (presque) rien, juste quelques rares croches graves entre les longues mélodies épileptiques et sensuelles qui apportaient tant de grâce à la musique expérimentale de Can. 4/5