Connaissez-vous 84, Charing Cross Road, ce livre de Helene Hanff, dont on a tiré un film charmant ? Cette correspondance d’une vingtaine d’années entre une fougueuse dramaturge New Yorkaise passionnée par la littérature classique et un libraire londonien tout aussi passionné mais un peu collet monté est tout simplement passionnante. Dans le cadre des Correspondances, j’ai assisté au spectacle littéraire d’une adaptation libre de Marc-Antoine Cyr. J’ai eu le plaisir de voir le film voici quelques année et j’en suis restée marquée. N’importe qui aimant la littérature, les livres, les librairies et le charme londonien risque d'être impressionné. Et, paraîtrait-il, par le livre encore plus !
J’avais hâte d’entendre cette mise en lecture par Jennifer Alleyn, voir surtout la New-Yorkaise au caractère fort incarnée par Pascale Buissières, et ne plus seulement imaginer le libraire légèrement empesé dans la peau d’un Daniel Gabouas. Merveilleuse distribution des rôles !
J’étais dans la première rangée, tout près de l’hôtel de ce théâtre improvisé dans l’église du village. Les éléments du décor, pourtant sommaires, donnaient tout à fait le ton.
L’interprétation de Pascale Buissières était exceptionnelle, elle campait la verve et le bagou de Helene Hanff avec un aplomb assez comique. Attablée derrière un petit secrétaire, elle lisait des lettres et bien sûr, on oubliait qu’elle lisait, elle incarnait. Le libraire londonien est un être réservé et derrière son lutrin, c’était peut-être un peu moins évident pour Daniel Gadouas. Son interprétation n’était pas en cause mais je me rattachais aux images du film pour compléter le personnage. Faut dire que ses lettres étaient nettement plus courtes, un caractère introverti se saisit moins rapidement. Sa femme, incarnée par Jennifer Alleyn, était très crédible, une interprétation sensible et toute en nuances.
Et il aurait été inimaginable de se priver des accords du contrebassiste, Mathieu Désy, qui a donné à cette prestation vivante la note juste.
Malgré tout, la dernière ligne lue, j’avoue que si je n’avais pas vu le film, je serai restée sur ma faim.