En France, les signaux de reprises sont bien là. Le Figaro de ce matin en recense pas moins de 10 :
- Le moral des industriels s'améliore
- La production d'acier redémarre
- Les résultats d'entreprises sont meilleurs que prévu
- Les ventes en grandes surfaces progressent
- Le CAC 40 reprend des couleurs
- L'automobile remonte la pente
- La fréquentation du transport aérien se stabilise
- L'emballage alimentaire rebondit
- Les investissements publicitaires bruts repartent à la hausse
- Les indicateurs internationaux virent au vert
Pourtant, nombre d'entre vous, que je croise à Puteaux, ne partagent pas cet optimisme. Qu'en est-il vraiment ? Dans les rangs de l'opposition, nombre sont ceux qui dénoncent une manipulation des chiffres au profit de la communication gouvernementale. Alors, info ou intox ?
En fait, "l'economie, ça se vit et sa se mesure, avait souligné Laurence Parisot en commentant la conjoncture économique à l'occasion de son point presse mensuel.
Que nous soyons salariés, demandeurs d'emploi ou chef d'entreprise, nous vivons encore la crise au quotidien. Sur le front de l'emploi tout d'abord. Malgré la baisse du nombre de demandeurs d'emploi en juin (-18 600), on observe que les offres d'emploi continuent à marquer le pas et que les entreprises, en France comme en Europe, continuent à annoncer d'importantes réductions d'effectifs. Parallèlement, les patrons de PME, en particulier les sous-traitants de l'industrie, n'entrevoient pas encore de redémarrage des carnets de commande De nombreuses PME sont au bout de leur capacité de résistance.
Pourtant, pour ce qui se mesure, ont entrevoit à court terme un certain rebond qui résulte à la fois des mesures de soutien à l'activité adpotées par le gouvernement et de phénomènes mécaniques. Avec l'épuisement des stocks, la production industrielle reprend mécaniquement. Dans le secteur automobile, la production a augmenté de 5,3% en juin, après une progression de 12,2% le mois précédent. En outre, les exportations de voitures françaises ont augmenté de 4,8% au second trimestre. Au total, avec une hausse de la production manufacturière de 0,2% et une hausse de la consommation de 0,7% au second semestre, nous pourrions avoir enrayé la récession et retrouver une croissance molle aux allentours de 0,1% dès le second semestre.
Mais cette reprise demeure lente et fragile. On doit s'interroger sur l'attitude qu'adopteront les banques. Pour être vigoureuse et durable, la reprise ne peut s'appuyer que sur un mouvement massif d'investissemnt. Or, malgré l'annonce de bons résultats et du retour des bonus, les banques risquent fort de se montrer frileuse en matière de financements. L'expérience montre que, faut de financement, les sorties de crise bancaires sont toujours lentes.
Par ailleurs, la situation de l'emploi demeure préoccupante. Commentant les bons chiffres du mois de Juin, Christine Lagarde est toutefois restée prudente, soulignant que "même une reprise graduelle de l'activité ne devrait pas se traduire par un repli immédiat du chômage". Ajoutée à une reprise de l'inflation, cela ne manquera pas de peser encore sur le pouvoir d'achat et donc sur la consommation.
Enfin, la nécessité de résorber les déficits publics qui ont dérapé avec la crise, pèsera sur l'économie française pendant de nombreuses années. Ainsi, pour ramener la dette à 60% du PIB d'ici 20 ans, nous devrons mobiliser 40 à 50 milliards d'euros par an, soit l'équivalent de la totalité de l'impôt sur le revenu.
Du côté des marchés financiers, le CAC 40 vient de faire un bond en un peu plus d'un mois. Alors qu'il passait sous la barre des 3000 points début juillet, il s'établit désormais aux allentours des 3500 points. Les bons chiffres de l'économie américaine, publiés en juillet, ont donné le coup d'envoi de la reprise des marchés financiers. Au second trimestre, le PIB des Etats-Unis n'a baissé que de 1%, considérablement moins que les 6,4% de recul du 1er trimestre 2009. Les résultats trimestriels des entreprises affichent encore des pertes, mais celles-ci sont inférieures aux prévisions.
Alors sortie de crise ou pas ?
Le décalage entre la mesure et la perception de l'économie ne relève pas de l'antagonisme. La perception, l'économie qui "se vit", correspond au présent. Les indicateurs, même s'ils montrent un rebond à court terme, traduisent le futur. De même, la surréaction des marchés financiers à la hausse ces dernières semaines, fait écho à la surréaction à la baisse début 2009. Cela parce que les investisseurs regardent le futur.
Un des débats les plus attendus de l'Université d'été du Medef a pour thème "Crise et sortie de crise". Vous pourrez probablement le suivre en direct sur le web jeudi 2 septembre au matin. Je ne manquerai pas d'y revenir sur ce blog et d'engager le débat avec les jeunes actifs et les autres blogueurs présents.