Une bien drôle de famille que celle imaginée par Dickner, Chroniqueur littéraire, entre-autres, à l'hebdomadaire Voir, la famille Randall qui, de génération en génération, est obsédée par la fin du monde, de leur propre monde. Les Randall ont le don d’avoir la vision de connaître la date précise de leur fin à eux et passent leur vie à s’y préparer et quand l’un deux outre passe la date fatidique qui leur est destinée, il perde la carte, se retrouve dans des asiles ou tout simplement finisse suicidé de quelconque façon. Il va s’en dire qu’ils finiront tous comme ca.
La mère de Hope Randall , omnibulée par la date de sa fin, tente de fuir à l’ouest , là où selon ses calculs, les fuseaux horaires lui donneront un sursis. La fille et la mère, dans une voiture déglinguée emplit de livres, de conserves et de tonnes de ramens, aboutiront dans leur fugue à Rivière du Loup où ils vivront une accalmie. Dans cet espace de temps, Hope fera la connaissance de Michel avec qui elle se liera d’amitié et partagera ses secrets et ses aspirations jusqu’au jour où, à son tour, sa date de fin du monde lui sera révélée et ce d’une façon on ne peut plus inquiétante.
Dickner nous brosse son personnage de Hope d’une brillante façon. Cette jeune fille, fervente de sciences et de calculs, arborant une casquette des Mets et parlant sept langues, nous esquisse des sourires bien méritées. Je pense entre autres à ses symboles unitaires convertit en « citron », tout simplement délicieux. Un personnage unique et fascinant qui partira dans sa quête de trouver le prophète qui connait sa date fatidique. Une course qu’il amènera à New-York, Seattle et finalement à Tokyo où elle sera confrontée à sa destinée.
Quoique que terminée avec une chute bien planifiée, la conclusion m’a un peu déroutée car elle me laisse perplexe quant à l’aboutissement du destin de Hope et aussi par un délai de vingt ans dans le récit où le désir de Hope de ne pas refaire surface au Québec, même au décès de sa mère, me laisse pantois quelque peu. Cela n’enlève en rien la qualité de ce roman que je qualifie d’excellent et mené de main de maître.
Tarmac et son histoire pourra peut-être désertée ma mémoire, mais le personnage de Hope Randall, tant qu’à lui, y restera longtemps. Dickner a pondu un personnage coloré et authentique qu’il aurait intérêt à reprendre dans une autre aventure ou dans la suite de celle-ci.
Hope Randall, pour moi, est le trésor de ce roman que je recommande à tous. Dickner est un auteur que je relirai sans l’ombre d’un doute. Pariez un citron la dessus !!
Tarmac, Nicolas Dickner, Edition Alto, Montréal, 2009, 272 pages