Tout dans le pitch de départ a des allures de films ou de séries B déjà vuS et rebattus. Et pourtant...
L'histoire démarre sur une plage déserte de San Francisco avec un brouillard épais si caractéristique de la ville. Emma et la fiancée de son père, Abby, se promènent ensemble. La fillette
s'amuse à ramasser des coquillages alors qu'Abby détourne son attention quelques instants pour prendre une photo. Le temps de se retourner, l'enfant a disparu.
L'impensable vient de se produire. Accablée d'avoir la responsabilité de cette disparition, Abby se battra même lorsque plus personne n'y croira, viscéralement convaincue qu'Emma est encore en
vie...
Course-poursuite contre la montre, l'auteur relate les moments de recherche, quasiment semaine par semaine, mois par mois, pour retrouver Emma et dissèque en parallèle la déconstruction
progressive de ce couple que tout semblait prédestiner au bonheur.
Michelle Richmond livre un beau portrait de femme que l'on gardera en mémoire et une analyse fine des deux protaganistes qui finiront par s'étouffer mutuellement par ce trop plein de vide
que leur laisse l'absence de l'enfant.
L'alternance des séquences flashback sur les moments heureux du couple et les flashbacks sur la jeunesse passée de Abby, permettent des espaces de respirations et apportent des pièces au fur et à
mesure du déroulement de l'intrigue, pour mieux appréhender le puzzle initial. C'est tout l'art d'un bon roman, qui dans son atmosphère et dans son jeu de construction, me laisse un
goût similaire à celui que j'avais ressenti à la lecture de "La maison du
sommeil" de Jonathan Coe.
En toile de fond, l'atmosphère, de San Francisco au Costo Rica, où se prolongera la deuxième partie du livre, est tellement bien décrite qu'elle en est presque visuelle. L'auteur joue avec
"la pellicule" des mots comme son personnage central incarnée par Abby, pour qui la photographie tient une place essentielle dans sa vie. Tout dans les cadrages, les lumières décrites,
les scènes, donne cette impression. Et elle va plus loin en distillant en filigrane une réflexion pertinente sur l'impact de l'image fixe et le rôle de la mémoire, fascinante donnée qui,
pour peu, qu'elle soit bousculée, livre mille et une visions...
C'est un livre qui m'a happé, tant la construction narrative, l'écriture et l'atmosphère sont envoutantes, avec de vraies et vibrantes émotions. Un roman psychologique rigoureusement
orchestré avec un suspense à la frontière du thriller...C'est certainement un de mes "coups de zinc" de l'année que je rangerai aux coté de deux autres livres aux styles bien différents:
"Zulu" de Cary Férey et
"La solitude des nombres premiers" de Paolo
Giordano.
Clarabel l'a trouvé
"haletant" et particulièrement "scotchant". Tout comme Cunéipage qui "ne l'oubliera pas de sitôt". Et bien d'autres avis de bloggeurs, sur Blog-o-book