La visite se poursuit, racontée par Dominique :
"Dimanche 28 juin 2009.Aujourd’hui, pas de rendez vous organisés par l’équipe du festival, nous en profitons pour sillonner la vieille ville, visiter le Saint Sépulcre et le couvent Copte mitoyen, souvenir de notre passage à Jérusalem il y a 20 ans dans un festival de marionnette israélien au cours duquel nous avions invité notre ami François Abou Salem, qui dirigeait déjà le théâtre palestinien El Hakawati Cela nous avait valu un véritable boycott des organisateurs et artistes israéliens… C’était au début de la première Intifada.L’expression de Jeanne au Saint Sépulcre est juste : c’est la tour de Babel, le lieu est partagé entre les orthodoxes grecs, les Arméniens, les franciscains catholiques et les coptes, avec , paraît-il, des batailles de territoire mémorables.Les pèlerins chantent , une messe orthodoxe se dit dans le chœur, une messe arménienne dans une chapelle adjacente, avec un jeu de main superbe du prêtre qui les agite en papillons au moment de la consécration, des fidèles philippins en groupe, avec leurs foulards jaunes, tombent en pamoison sur la pierre de l’onction, il n’y a personne dans la chapelle souterraine construite par les croisés,et l’arrière du chœur est plein de grandes échelles en bois , pour sans doute décrocher je ne sais quels larrons au milieu des croix portées par des pèlerins qui arrivent régulièrement après avoir suivi le chemin de la Via Dolorosa.Les coptes ne chantent pas, dommage, il y a 20 ans un vieux jésuite pendant notre tournée en Egypte m’avait expliqué que la musique des coptes était directement issue de la musique des pharaons.Déjeuner avec François qui nous raconte son opéra avec la fondation de Barenboïm à Ramallah, et aussi son adaptation d’Ubu, très intéressante, dans le décor d’une boucherie des souks, le père Ubu, la mère Ubu et le fils manipulant de la viande tout en fomentant leurs crimes et le renversement du roi de Pologne, une transposition très forte que nous verrons en septembre à Saint Jean d’Acre.L’après-midi, dans les souks, un jeune marchand bavarde avec nous, et apprenant notre projet de septembre, se met à nous parler tout bas, me demande naïvement si nous sommes pour les palestiniens, et, heureux de notre engagement auprès de ce Festival, m’offre un Keffieh noir et blanc, me le met sur la tête, et nous continuons notre visite. Un peu plus loin un bijoutier nous interpelle, ce signe du keffieh lui donne envie de parler, et il nous invite à boire le thé dans sa boutique, à l’abri des micros israéliens dont la vieille ville est truffée, et nous présente un de ses amis, un diplomate Slovène. Nous sentons dans tous ces contacts une chaleur, une qualité d’accueil, rares. François nous dit qu’il a parlé des Padox aux jeunes de son atelier qu’il a animé ce matin dans la Vieille Ville, et la simple évocation du travail avec les Padox dans les rues de Jérusalem fait briller les yeux."A suivre...