Après vous avoir présenté The Gories le mois dernier, poursuivons avec The Dirtbombs, le groupe formé en 1996 par le chanteur Mick Collins suite à la dissolution de son projet précédent. La formation (à géométrie variable) ne devait au départ qu’enregistrer quelques singles: l’excellent réception de ceux-ci finit toutefois par les convaincre d’enregistrer un premier album, Horndog Fest (1998). Le retour à la mode du rock garage peu après propulse The Dirbombs à l’avant-scène pour deux disques subséquents en 2001 et 2003; ils enregistreront d’ailleurs à cette époque un single conjoint avec leurs compatriotes de Detroit les White Stripes.
C’est toutefois de leur dernier album, paru l’an dernier après une longue abscence, que nous vous parlerons aujourd’hui : We Have You Surrounded (2008) est en effet remarquable par sa capacité à conjuguer une énergie brute qui rappelle les premiers enregistrements des Gories avec une coté pop et immédiatement accrocheur. Wreck My Flow est ainsi dansante à souhait, faisant le bonheur des clubs depuis sa sortie; c’est cependant au sein des chansons plus sombres qu’on retrouve quelques curiosités fort intéressantes.
Le premier titre valant le détour est Sherlock Holmes, une reprise des Sparks qui enregistrèrent la version originale en 1982 sur leur album Angst In My Pants. Se mesurer au chant à la fois si glam et si tendre de Russel Mael n’est pas chose aisée et Collins s’en tire très honorablement, supporté par une instrumentation où des guitares au son sale remplacent les nappes de synthétiseur mélancoliques. Leopardman at C&A est encore plus particulière, étant une des rares chansons écrites par Alan Moore, le dessinateur bien connu de romans graphiques (Watchmen, V for Vendetta). Moore a initalement écrit cette chanson pour David J., le bassiste de Bauhaus, avec qui il a brièvement formé un groupe en 1980. Les célèbres gothiques anglais n’ont cependant jamais eu l’occasion de l’enregistrer avant leur séparation, et la chanson est restée sur les tablettes durant presque trente ans. La version des Dirtbombs est heureusement excellente, avec des riffs et solos désacordés de guitare dont n’aurait pas à rougir Daniel Ash, et un abus de réverbation sur la voix pour un effet “Peter Murphy 1979″ instantané. “Who are these shadows in my way?”. Bonne écoute.