Cette nouvelle mouture des New York Dolls semble aujourd’hui la seule (et digne) représentante de l’authentique glam ou glitter rock (les français disent aussi rock décadent). Deux albums classiques (un éponyme en 1973 et le bien nommé Too Much Too Soon l’année suivante) en ont fait de véritables légendes, unanimement établies comme les ancêtres du punk. Au début des années 1970 toutefois, l’heure était aux chansons pop déglinguées et ironiques, caractérisées par un chant hargneux et des guitares hautement efficaces. L’heure était également aux platform boots ainsi qu’à l’abus d’eyeliner et de métal lamé, un look théâtral et provocateur faisant partie intégrante de la musique.
Presque trente ans après ces folles années, les New York Dolls originaux ne sont plus que deux : le chanteur David Johansen et le guitariste Sylvain Sylvain. Les autres sont perdus dans la brume ou morts, comme le mythique guitariste Johnny Thunders, disparu au cours d’une doûteuse overdose en 2001. Au sein du cimetierre du glam, qui compte autant d’oubliés que de légendes ayant viré leur cuti depuis des lustres, les poupées de New-York font ainsi figure de dinosaures… Car loin d’avoir succombé aux sirènes de la modernité, leur musique semble au contraire avoir été figée dans le temps. Grand bien leur en fasse, car en plus de ravir les fans de la première date, une galette aussi énergique que Coz I Sez So tombe à pic alors que le son rétro-rock revient en grâce sur la scène internationale – pour preuve l’oeuvre intégrale de Franz Ferdinand. Outre la qualité moderne de la production, Coz I Sez So aurait sans problème pu être enregistré en 1973 : on y retrouve la même langueur bluesy sortie tout droit de East Village, la même voix baveuse et sexy de Johansen, la même urgence sympathique. Tout en réussissant l’exploit non négligeable de ne pas avoir l’air ridicule en “glamant” à 60 ans, les New York Dolls poussent également l’autodérision jusqu’à réenregistrer une version reggae-pop de leur classique Trash. Une attitude tout à fait rafraîchissante que l’on ne peut que saluer… rock on.