A peine descendus de l’avion, l’odeur de l’Afrique nous envahit. Une odeur difficile à décrire, mélange de terre brûlée par le soleil, d’air iodé provenant de la mer tout près, et un vent chaud qui vous enveloppe immédiatement. Avec seulement 2 heures de vol, si vous n’aviez pas eu le temps de réaliser que vous changeriez d’univers, toutes ces senteurs vous plongent tout de suite dans une ambiance autre, et vous déconnecte complètement avec l’endroit d’où vous arriviez.
Passé les portes de l’aéroport, vous n’êtes plus jamais seuls. La famille vous attend, vous accueille, vous installe, et vous demande sans cesse si vous n’avez besoin de rien. C’est un plaisir de se faire chouchouter au départ, mais quelques jours plus tard, cela peut aussi agacer, la sensation d’être infantilisés contre son gré. Quand on voyage, le plaisir de la découverte fait aussi partie du voyage. Avoir le loisir de perdre sa route et de la retrouver tout seul, de se tromper dans un resto pourri pour ensuite mieux faire son choix, gérer ses déplacements et envies au hasard… Ici, on tend à vous éviter ce genre d’erreurs, qu’on considère comme des désagréments. Alors, on vous propose toujours de vous driver, même quand vous insistez pour prendre un taxi ou le bus, on vous demande sans arrêt ce que vous avez fait, où et comment, pour s’assurer que vous ne vous trompiez pas grâce à leurs conseils. On veut tout vous payer aussi. Même si vous avez de l’argent, c’est pour eux de la politesse. Quand vous êtes l’invité en Algérie, vous l’êtes jusqu’au bout, et vous passez même avant celui qui vous accueille. On n’a pas l’habitude de tant de démonstrations de générosité. On a beau savoir que ce n’est que pure politesse pour eux et que cela leur fait même plaisir, on ne peut s’empêcher de se sentir un peu gênés par moment malgré tout. Le moyen que nous avons trouvé de satisfaire tout le monde sans vexer personne, est de prendre son envol petit à petit. Des sorties seuls, être de plus en plus évasifs sur notre programme… Ainsi, ils nous sentent plus autonomes et craignent moins que l’on se « trompe », « se perde » etc. Hier, nous sommes rentrés en bus, tous seuls comme des grands, après promenade du côté de la Place Guédon, superbe lieu avec vue sur le port de Bejaïa et terrasse où les promeneurs peuvent prendre un coca bien frais. Ca avait l’air de les épater. Depuis, ils nous disent simplement en Kabyle : « Rhowsom ? » (écriture phonétique approximative). Cela signifie simplement « Vous vous êtes promenés ? ». On répond « oui », et ils ne cherchent plus à en savoir plus.
Ils nous entourent moins aussi pour une autre raison : Un énorme mariage se prépare, ici chez nous. Du coup, les gens s’affairent à un point inimaginable. C’est le mariage de mon cousin, dont le père (mon oncle) a pignon sur rue du fait de son activité. Il a invité 500 personnes mais il nous a dit qu’il attendait 1000 personnes. Vous imaginez un mariage avec 1000 personnes ? Moi non. Du coup, je suis bien curieuse de voir comment cela va se dérouler. Les gâteaux se préparent à gogo, le pain, les entrées, les plats… Des cuisinières livrent les gâteaux, et les femmes les mettent dans des boîtes pour les offrir aux invités. Tout ceci sur fond de musique kabyle à fond dès le matin pour mettre dans l’ambiance. Le mariage se déroulera sur 3 jours, on n’a jamais vécu ça. Le premier jour se déroulera dans la vaste maison de mon oncle, et les 2 jours suivants dans une salle de réception. On ne sait pas si on tiendra le coup 3 jours d’affilée, mais on s’est déjà prévu quelques échappées pour continuer nos visites en journée. Le coup d’envoi du mariage demain à 19 heures. A suivre…