Mettre le PS au travail, tout le monde en parle mais Pierre Moscovici est bien l’un des rares à proposer des travaux pratiques. Le candidat malheureux du Congrès de Reims tient là une forme de revanche. Membre de la direction nationale, il estimait en juillet dernier à l’inverse de Manuel Valls, que le “socialisme est une idée forte, une idée d’avenir” et que “le PS ne doit pas disparaître, il doit profondément changer“.
La méthode proposée est simple : renouer le dialogue avec les français. Dans un tchat sur Le Monde.fr, le 21 juillet dernier, celui qui se qualifie de post-Strausskhanien précisait déjà sa pensée : “Etre moins narcissiques, parler moins de nous, à nous, sur nous, mais parler davantage aux Français de leurs problèmes, traiter leurs difficultés. Cela passe par un travail sur un projet de société qui soit à la fois économique, social et écologique.” Dans ce sens le courrier qui doit être adressé à Martine Aubry constitue une proposition de feuille de route pour bâtir un nouveau modèle de développement.
Ses camarades ne seront pas surpris. Lors d’un séminaire de l’ensemble de la direction du parti le 7 juillet dernier à Marcoussis, l’ancien ministre de Lionel Jospin avait présenté les grandes lignes de son projet de convention. Une convention qui devrait être atypique car pas uniquement ouverte aux seuls militants. Une grande consultation des Français pour recueillir “leur ressenti de la crise, leurs espoirs, leurs inquiétudes, leur priorité” et, “ce qu’ils attendent du PS” qui n’est pas sans rappeler les débats participatifs de Ségolène Royal.
La convention made by Moscovici devrait s’articuler autour de trois ateliers de travail co-présidés par une personnalité du PS et une autre issue de la société civile. Mais, Mosco a bien du mal à rompre avec son image d’intello. Les thématiques choisies : quelle politique industrielle pour la France ? Comment refonder la politique de l’égalité des chances ? Comment inventer un nouveau modèle de développement ? apparaissent touffues et font l’impasse sur une analyse pourtant essentielle du contexte international. Omission surprenante de la part de quelqu’un qui plaide pour un socialisme internationaliste, réformiste, européen.
La phase de consultation devrait se conclure à la mi-novembre par un texte de synthèse qui sera mis en débat pendant deux mois dans les sections du parti et sur Internet. Enfin, à partir de la mi-janvier 2010, les militants seront appelés à voter pour l’approuver ou le rejeter. Pierre Moscovici ne cache pas son souhait d’abandonner les consensus mous pour passer aux synthèses dures. “Les propositions que nous arrêterons dans ce cadre deviendront notre loi commune pour les prochaines échéances“, écrit-il à Martine Aubry.
A l’issue de cette première ordonnance, le patient PS ne sera pas encore remis sur pied. “Pour que l’unité existe, il faut à la fois un projet commun, une stratégie bien identifiée, et un chef incontesté” a antérieurement prévenu le député du Doubs.
Pragmatique, Pierre Moscovici souhaite que le fait de plancher sur le projet soit l’occasion pour les socialistes de s’apercevoir “que nous avons plus de points communs que nous aimons parfois à le dire, par pur souci de distinction”
Un discours que ne renierait pas un patron du PS. Attention donc à ne pas jouer les premiers secrétaires par défaut. Pierre Moscovici s’en défend . “Martine Aubry est la première secrétaire du Parti socialiste. Elle a ses partisans et ses détracteurs. Pour ma part, tout en ne l’ayant pas soutenue au congrès de Reims, je suis son ami, et je crois qu’il faut l’aider à redresser le Parti socialiste, tout en exigeant qu’elle prenne les moyens pour y parvenir.”
En attendant, il appartiendra à la Maire de Lille, et à elle seule, de décider la suite qu’elle entendra accorder, ou pas, à la proposition de Pierre Moscovici.