Un florilège de dames qui veulent «visiter les magasins le dimanche».
Photo © Charles Platiau pour L’Expansion.com / retouche © votre serviteur
J’ai été tagué par Eric!
Que signifie "être tagué" ? Là, j’ai déjà perdu mes lecteurs-blogueurs qui pensent « Non, mais ! Il nous prend pour des débiles ?! » Et moi de rappeler une chose que semble trop souvent oublier le blogueur, c’est que le lecteur ne fait pas forcément partie de la confrérie des blogueurs et qu’il arrive même qu’il ne soit pas expert en web 2.0. Or donc, taguer quelqu’un, pour faire dans la métaphore culinaire, c’est lui passer un plat brûlant, attendre de lui qu’il se brûle les doigts, se serve, puis le tende à son voisin de tablée qui se brûlera à son tour, et ainsi de suite*.
Un blogueur, souvent difficile à identifier tant la chaîne a pris de l’ampleur, s’empare d’une idée, l’agrémente à sa façon, ajoute sel, poivre, herbes de Provence, lichette de vin, etc. puis il choisit quelques victimes à qui il refile le bébé (déjà trop salé).
Le mets ? Par exemple, un gigot d’agneau qui a passé trop de temps au frigo, puis a été cuit et recuit. Et que les convives font mine d’apprécier. « Hmm ! Délicieux ! » disent-ils du bout des lèvres, de peur de vexer leur hôte.
En gros, on repart chez soi, doggy bag en mains, se demandant ce que l’on va bien pouvoir mitonner à partir de ce gloubi-boulga. Il est tard. Dans la cuisine, on finit par s’y mettre. Par rédiger un billet qui reprenne le sujet, mais à sa sauce. Soucieux de bien faire ses devoirs, on cherche sur le Net des infos sur le fameux bébé (en l’occurrence, le mien, c’est une déclaration denotre cher président-adulé-détesté-vous-avez-voté-pour-lui-eh-bien-on-va-se-le-coltiner-longtemps-c’ui-là), on veut être digne de l’intérêt porté par le maître qui a transmis la chaîne. Puis on se dit, oh puis non, pas envie de participer à cette gigantesque conversation de café, oh puis si, pourquoi pas.
Pas la peine de signaler que c’est le verre de trop qui m’a convaincu (god bless le digestif).
Bref.
Notre cher président-adulé-détesté-vous-avez-voté-pour-lui-eh-bien-on-va-se-le-coltiner-longtemps-c’ui-là s’est indigné d’avoir à demander à ce qu’on ouvre les magasins le dimanche pour Mme Obama. Donc pour vous servir un raccourci que me reprocheront certains, c’était l’excuse toute trouvée pour amorcer le vote de la loi du travail dominical en France. Et si le Français n’est pas content, qu’il aille voir ailleurs si l’on travaille (ou pas).
« Est-il normal que le dimanche, quand Mme Obama veut avec ses filles visiter les magasins parisiens, je dois passer un coup de téléphone pour les faire ouvrir ? » (Si, si, je vous jure, il a dit ça. Vous ne me croyez pas ? Regardez donc la vidéo.)
Mes « est-il normal » car je ne suis pas différent du Français moyen qui place sa rouspétance au rang de sport national sont les suivants :
A propos de sport, justement, est-il normal que nos cyclistes chaussent l’oreillette ? S’il s’agit pour eux de se distraire en écoutant les chansons paillardes de leur directeur sportif, je dis pourquoi pas.
Est-il normal que le pape Benoît XVI se fracture le poignet ? L’Eglise n’a-t-elle pas condamné l’onanisme ?
Est-il normal que Monsanto parle d’intégrité, de transparence, de dialogue, de partage, quand elle (il?) s’en tamponne le coquillard avec une patte de langoustine ?
Est-il normal qu’en voyant M. Devedjian dans le poste de télévision, me vienne systématiquement le même nom d’oiseau : "... !"
Est-il normal d’avoir raté sa vie parce qu’on n’a pas de Rolex ?
Et pour conclure, je copie sur mon voisin Olivier Montbazet : « Est-il normal qu’il faille continuer à enfoncer des portes ouvertes ? »
La chaîne a commencé ici , puis là puis elle s’est propagée chez Hypos pour ne pas la citer.
Au jeu du Chat Perché, j’attrape Julie, Matoo, la gentille sorcière et deef et je leur refile la patate chaude.
*Est-il normal de vouloir à tout prix brûler son voisin de tablée alors qu’on dispose d’un joli dessous-de-plat ?