La nouvelle est tombée au cours de l’été : un autoportrait de Nicolas Sarkozy par lui-même, dans ce journal plutôt de gauche qu’est le Nouvel Observateur.
Une manière d’enfoncer le clou face à une gauche en grande difficulté ? Pas forcément, pas seulement.
Il s’agit aussi de storytelling. Nicolas Sarkozy poursuit le récit de l’histoire qu’il anime, qui l’anime et qui, fonction présidentielle oblige et parce que Nicolas Sarkozy est Nicolas Sarkozy, augure de la nôtre.
Alors qu’est-ce qu’il y a dans cette histoire racontée par le Nouvel Observateur ?
Elle commence classiquement, du moins selon les standards sarkozyens. C'est-à-dire qu’on apprend, constante servie depuis son élection, que Nicolas Sarkozy ne fait rien comme ses prédécesseurs mais transgresse les tabous ou pseudo considérés comme tels.
Rien de notable dans cette histoire, déjà connue.
La suite est plus intéressante.
Ce sont des regrets, des erreurs que Nicolas Sarkozy exprime, s’agissant notamment du fameux dîner au Fouquet’s qu’on lui a si souvent reproché. Mieux encore dans un contexte de storytelling, il invoque ses difficultés conjugales du moment pour expliquer ses errements. De l’émotion, de la fragilité sans pour autant paraître pitoyable : des ingrédients traditionnels d’une bonne histoire de leader.
Regrets également pour ses emportements verbaux.
Nicolas Sarkozy veut raconter l’histoire d’un homme qui change, mais attention il ne s’agit pas ici de renoncement, il s’agirait plutôt de reculer, ou de faire comme si, pour mieux sauter. Inspirer confiance pour convaincre que notre société a besoin d’une nouvelle histoire fondatrice et que celle que propose Nicolas Sarkozy est, non pas la bonne mais la seule possible.
Regarder ce que racontent les différentes forces traditionnelles en présence –syndicat, patronat…- à ce propos donne une petite idée des rôles que les différents personnages seront appelés à jouer dans cette histoire.
Après, c’est à chacun de décider si c’est cette histoire qu’il souhaite vivre ou s’il souhaite la commenter, sans autre possibilité d’action. Car in fine, c’est bien de cela dont il s’agira.
C’est le lot des vainqueurs et des vaincus.