Vous avez peut-être remarqué mais parmi mes liens figure: Ecolo Gogo. Dire que la question écologique travaille l'homme du XXIème siècle va devenir un poncif d'ici peu. Comme tout poncif, il faudra forcément reposer régulièrement la question à neuf. Je laisse à ce blogueur le soin de réfléchir à la question, il m'a l'air plus qualifié que moi.
Ce qui me questionne, moi, dans la droite ligne d'Hannah Arendt, qu'on a pu juger réactionnaire sur la question, c'est comment produire aujourd"hui des objets durables et si au fond, cela rique de redevenir la priorité de notre monde occidental.
Prenons un premier exemple: les vêtements. Rien de plus périssable, hélas, qu'un vêtement. Est-ce seulement une question de mode ? Il est vrai d'un côté que les coupes, les couleurs, tout cela change même si, par exemple, des basiques blancs et noirs sont indémodables (ceci dit, pas forcément leurs coupes, un tee-shirt autrefois était ample, aujourd'hui, il est plus cintré, idem pour les chemises). En même temps, sans avoir besoin d'invoquer la mode, je me rappelle d'une conversation avec une amie qui me disait qu'elle ne gardait ses sous-vêtements (dans sa garde robe s'entend, pas sur elle) pas plus de six mois avant d'en acheter d'autres (alors que moi, j'essaie de les faire durer le plus longtemps possible, tant qu'ils n'ont pas de trou ou complètement déformés, je les garde). Tout nous pousse à renouveler le plus vite possible nos vêtements. Si ce n'est pas la mode (et soyons honnête, la question n'est pas de suivre ou non la mode, quand on a par exemple une profession en rapport avec un public et de façon plus générale, quand on sait que l'on va être regardé, on ne peut pas mettre n'importe quoi non plus et porter des choses vieilles de dix ans), ce sera l'usure du vêtement qui semble diaboliquement programmée pour être la plus rapide possible. J'ai acheté dernièrement un polo (et pas un Lacoste qui, je le reconnais, a une durée de vie assez longue, j'ai toujours celui que j'ai acheté il y a plus de quinze ans), je sais d'avance, qu'il ne durera pas quinze ans. Un an à vue de nez je dirais.Le textile pose en fait un problème aigu: quel intérêt de produire des vêtements durables étant donné que le but est de revendre le même produit dans les plus brefs délais ??? Et l'homme du XXIème siècle est-il prêt à accepter de mettre la même chose pendant dix ans (même si bien entendu il pourra alterner avec d'autres choses mais ces autres choses devront elles aussi durer dix ans) ?
Deuxième exemple: l'engin technique. Ne prenons pas le PC, c'est trop évident. Prenons la machine à laver. Surtout que c'est d'elle dont dépend aussi la durée de vie du vêtement. La mienne a duré 6 ans (la première que j'ai eue). Celle de mon arrière-grand mère 30 ans. Vous avez bien lu. 30 ans. Pourquoi ne conçoit-on pas des machines qui durent 50 ans ? Parce que, me direz-vous, il faut que le commerce vive, qu'on vous refourgue un frigo, un lave linge tous les dix ans. Mais imaginons trente secondes qu'arrivé au bout de 10 ans, on paye non pas une nouvelle machine mais des frais de recyclage. Et qu'ainsi, on garde la même machine 50 ans. Quitte à changer quelques pièces. Seulement, qui voudra de cela ? Imaginez trente secondes ... ne jamais racheter un PC pendant 50 ans ... juste payer pour le mettre à niveau tous les 5/10 ans ... La fin d'une servitude quand même.En fait, le problème de toute cette histoire c'est que l'homme a terriblement besoin de changement: changement de vêtements, de magazines, de livres, d'engins techniques ...etc. L'horreur, pour lui, serait de vivre toute le temps avec les mêmes choses. Il faudra bien un jour, pourtant, accepter de revenir à un rapport aux objets plus stable et moins fuyant. Quitte à faire passer ce besoin de changement dans autre chose (qui reste à définir, à inventer).