Il ne passe pas un jour sans que l’on parle du Tamiflu, de son efficacité, des résistances qu’il peut engendrer, de son coût ou de son accessibilité. Sur ce blog y compris. On le rappelle, le Tamiflu est un antiviral qui s’avère pour le moment, assez efficace en cas de grippe.
On parlait la semaine dernière des cauchemars enfantins dont le Tamiflu serait la cause. On parle aujourd’hui de ses effets indésirables – et de ceux de ses compères inhibiteurs de neuramidase, dont le concurrent Relenza.
Selon une étude publiée aujourd’hui dans le British medical journal, les bénéfices apportés par un traitement d’un enfant sont inférieurs aux effets indésirables que ce traitement génère. Sont en particuliers visés les nausées et vomissements qui peuvent engendrer une déshydratation.
“Les inhibiteurs de neuramidase n’entraînent qu’un léger bénéfice en réduisant la durée de la maladie chez les enfants atteints de grippe saisonnière et en limitant les transmissions domestiques. (…) Leurs effets sur la survenue de complications sérieuses restent à démontrer.”
Les chercheurs ont étudié la littérature scientifique portant sur les inhibiteurs de neuramidase depuis 1965. Les études retenues pour leur analyses concernent au total “1766 enfants, dont 1243 cas confirmés de grippe parmi lesquels 55 à 69 % sont atteints d’une grippe A”. Forts de leurs résultats, les chercheurs – britanniques – enjoignent leurs dirigeants à “reconsidérer” leur politique de mise à disposition de l’antiviral. En effet, nous en parlions il y a quelques jours, le Tamiflu est disponible outre-Manche sans avoir à fournir trop d’efforts. Un coup de fil suffit.
Au bout du fil, justement, se trouvent des téléopérateurs peu ou pas formés qui semblent faciles à berner. C’est la conclusion d’une enquête de The Independent.
Quel est l’intérêt ?
“La crainte est que beaucoup des gens à qui on a prescrit du Tamiflu font des réserves pour être sûr d’avoir accès à ce puissant médicament si eux-mêmes ou un de leur proche, contractait la maladie. D’autres [composent le numéro de la ‘flu line’] pour être mis en arrêt de travail pour 7 jours. On suspecte également que certaines personnes se le font prescrire pour le revendre.”
Il était évident que de nombreux Anglais se feraient prescrire du Tamiflu à mauvais escient vu la souplesse du système. Dans le même dossier, le quotidien anglais rappelle les risques inhérents à une surprescription.
“Si aujourd’hui trop de gens prennent [du Tamiflu] sans avoir les syndromes de la grippe, on risque d’affaiblir notre capacité collective à faire face une future vague de grippe porcine.”
Photo : Goedegebuurtjes