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Éric Asselin et Air Canada

Publié le 10 août 2009 par Jeangagnon

Vendredi, 7 août 2009

Les deux noms mentionnés en titre n’ont rien en commun, outre le fait d’avoir fait partie tous les deux récemment de l’actualité économique et financière. Et chacun comportait un petit irritant. 

D’abord, on apprenait la semaine dernière que des huissiers avaient effectué une saisie de 115 000 $ d’argent en espèce qui appartenait, semble-t-il, à Éric Asselin. L’argent avait été emballé dans du plastique et dissimulé dans un coffret de sécurité appartenant à sa mère.

Éric Asselin est ce délateur qui a aidé à mettre à jour l’affaire Norbourg en 2005. Après avoir été inspecteur pour l’Autorité des marchés financiers (AMF), il est devenu vice-président chez Norbourg. Mais lorsqu’il sentit la soupe chaude, il préféra aller tout raconter à la police afin d’obtenir une immunité et d’éviter d’être lui-même poursuivi. Il a déclaré faillite en 2007.

Ce qui m’agace dans tout ça, c’est que la preuve des avocats dans le cadre du recours collectif qui pourrait permettre aux investisseurs floués de Norbourg de retrouver leurs économies, repose d’abord sur la confession d’Éric Asselin.

S’il est démontré que celui-ci a tenté de berner jusqu’au syndic de faillite pour accumuler de l’argent illégalement, sa crédibilité sera sûrement éclaboussée et pourrait affaiblir d’autant l’argumentation de la poursuite.  

Serge Létourneau, un des avocats qui pilote le recours collectif, ne semble pas partager ma crainte. Bien sûr qu’Éric Asselin a été à la source de la preuve établie contre Vincent Lacroix et ses comparses, ainsi que certaines institutions, dont Northern Trust, KPMG et l’AMF, admet l’avocat. Mais depuis, à partir des nombreux interrogatoires effectués et des documents déposés, d’autres éléments de preuve sont venus corroborer les révélations d’Asselin. Me Létourneau ne semble pas inquiet quant à la crédibilité de sa preuve. Souhaitons le. Mais il faudra attendre probablement à l’automne 2010, alors quand les audiences du recours collectif commenceront, pour en être sûr.

Air Canada trouve encore de l’argent

Quant à Air Canada, il semble qu’elle continuera encore pour un moment de survivre. En effet, elle annonçait le 30 juillet qu’elle avait obtenu de nouveaux prêts totalisant 600 millions de dollars, ce qui lui évitera pour l’instant de faire faillite une nouvelle fois.

Le gouvernement fédéral s’en est mêlé à hauteur de 250 millions, 150 millions provenant de Exportation et développement Canada (EDC), et 100 millions avancés directement par le gouvernement à partir d’un compte utilisé pour financer des activités jugées d’intérêt national mais trop grosses ou trop risquées pour que la EDC agisse seul.

Le reste du financement provient de groupes apparentés à Air Canada, soit Gestion Ace Aviation (150 millions), la firme de gestion qui détient toujours 75 % des actions d’Air Canada, Groupe Aeroplan (150 millions également), le programme de fidélisation dont le principal client est bien sûr Air Canada, et la compagnie de financement GE Canada (50 millions) qui finance des contrats de location d’avions d’Air Canada.

Ce qui m’agace, c’est la déclaration du président d’Air Canada, Calin Rovinescu. “ Obtenir un milliard de nouveaux financements est une réussite extraordinaire, compte tenu des difficultés que rencontrent les marchés du crédit et l’industrie de l’aviation “, dit-il. Évidemment, pas un mot sur la façon dont la compagnie redeviendra rentable, sauf quelques clichés d’un optimisme irréaliste.

Malheureusement, c’est ça la seule réussite des dirigeants d’Air Canada depuis 15 ans, soit réussir à trouver de nouvelles sources de financement. Ils ont vendu des actions au public une première fois en 1985, et les investisseurs ont tout perdu. Ils ont emprunté des tonnes d’argent auprès de nombreux de prêteurs, la plupart perdant une bonne partie de leurs fonds lors de la faillite en 2002. 

Comment autant de gens peuvent avancer encore autant d’argent à cette compagnie sans que les dirigeants présentent un plan d’affaire crédible ? Ça dépasse l’entendement, ne croyez-vous pas ?


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