La Crucifixion de Grünewald est un des tableaux fondateurs de la peinture moderne. Il n’est donc pas surprenant qu’un peintre classique comme Gérard Titus-Carmel s’en soit emparé pour faire une Suite Grünewald et que le Collège des Bernardins, toujours à l’affût d’art chrétien contemporain, l’ait accueilli (jusqu’au 9 août seulement).
Qu’est-ce qu’un peintre contemporain peut bien apporter à un tel chef d’oeuvre ? Quel dialogue peut-il établir, quel enrichissement peut-il apporter ou plus simplement quelle revisite peut-il faire ? Ce n’est pas cette exposition qui apportera une réponse probante. Non que Titus-Carmel soit un mauvais peintre, au contraire et sa reconstitution du Retable au fond de la salle apporte une tension, une densité plus perceptibles que dans l’original.
Mais la déclinaison le long des murs des études de composition, de décomposition plutôt est un travail de virtuose qui sait jongler du figuratif à l’abstrait, qui sait déverrouiller et démonter les figures. C’est bien sûr un travail sur le modèle et la copie, sur la mémoire et la représentation, mais rien là de plus original que chez n’importe quel peintre. La déconstruction des personnages en une longue suite le long des deux murs latéraux a une grande cohérence. C’est bien fait mais il est difficile de se laisser transporter par ce travail appliqué. Autant Picasso face aux maîtres savait se battre à armes égales, autant Titus-Carmel ne donne que l’envie de retourner à Colmar.
Quant à l’installation Cellula de Nathalie Brevet et Hughes Rochette dans une autre partie du Collège (jusqu’au 31 octobre), c’est une pièce prétentieuse et simpliste, où trop de réflexion pédante a tué la créativité. Le comble est le néon extérieur, chiffre 18 renversé, ancien numéro du Collège et indicatif des pompiers qui l’occupèrent. Mon dieu, quelle vacuité !
Gérard Titus-Carmel étant membre de l’ADAGP, les photos seront retirées dans un mois. Photos 1, 3 et 4 de l’auteur.