Au moment où le Canada semble avancer vers de nouvelles élections anticipées, fruit d'une probable motion de confiance à la rentrée, cette démocratie donne un exemple instructif des conditions de compétitivité de l'opposition.
Chaque démocratie occidentale compte bien entendu sur des particularismes forts. Et pourtant, au-delà de ces spécificités, se dégagent des enseignements communs.
1) Tant que l'opposition ne se met pas en ordre de marche derrière un leader incontesté, elle se fragilise excessivement pour gagner en efficacité d'opposition.
2) Ce leader doit bénéficier de la "paix intérieure" dans son propre camp pour construire son image d'alternative.
3) Cette image d'alternative passe d'abord par des propositions de rechange davantage que par la critique systématique. Dion avait perdu beaucoup d'énergie dans cette opposition frontale permanente. Ignatieff a construit son "propre univers".
4) Ce sont les classes moyennes indécises ou du centre qui sont les enjeux décisifs. Pour ces catégories, la prime va à l'efficacité des améliorations concrètes dans la vie quotidienne. Par conséquent, il ne s'agit pas de conduire de grandes batailles emblématiques mais apparaître comme un facilitateur de la vie de tous les jours.
Ce socle de performance de l'opposition donne lieu actuellement à de nombreux débats dans plusieurs démocraties comparables. Aux Etats-Unis, le parti Républicain abandonne le fatalisme d'échec pour 2012. Derrière le taux moyen d'approbation apparaissent des variations très significatives par Etat ouvrant de nouvelles perspectives car la politique présidentielle "clive".
La présidentielle ne semble plus se gagner par des stratégies d'affrontement mais par des stratégies d'évitement.
Autant de considérations techniques qui plaident en faveur de l'actuelle stratégie conduite par Ségolène Royal. Encore reste-t-il à régler rapidement la question du leadership au sein même du PS ... ?