Alors que le Cavaliere capte l’attention des médias grâce à ses frasques tout en slalomant entre les juges et la mafia, l’Italie a connu samedi dernier l’entrée en vigueur de la loi visant à lutter contre l’immigration clandestine et qui en fait un délit. Carrément.
Dans le pays des belles et des bonnes choses, le decreto sicurezza met l’Italie en à la pointe du racisme européen et la rejette au niveau des leggi razziali de la fin des années 30. Et je n’exagère pas. Jugez plutôt de son contenu synthétisé par Celestissima.
• L’étranger qui, violant la loi, « entre ou séjourne sur le territoire italien » sera condamné à une amende allant de 5000 à 10 000 euros (délit de clandestinité)
• Celui qui louera un bien immobilier à un clandestin encoura une peine de prison allant de 6 mois à 3 ans.
• Le séjour des clandestins dans les Centre d’identification et d’expulsion (CIE) pourra désormais durer 6 mois.
• L’obtention du permis de séjour sera soumis à une taxe dont le montant n’est pas encore fixé mais il sera compris entre 80 et 200 euros. L’argent obtenu sera destiné à couvrir les frais de rapatriement des migrants irréguliers. Taxe aussi, de 200 euros, pour qui voudra obtenir la citoyenneté italienne. En ce qui concerne les couples mixtes, la citoyenneté ne pourra être accordée au conjoint étranger qu’après un délai de minimum de deux ans après la date du mariage.
Mais il y a bien pire :
• Les enfants nés en Italie d’une mère clandestine ne pourront pas être déclarés sur les registres d’état civil. Ils n’auront pas d’identité. Ils seront invisibles.
• Si la mère n’a pas de passeport elle ne pourra même pas reconnaître son enfant qui deviendra immédiatement adoptable.
Ces effroyables mesures s’accompagnent du fichage des sans-abri par la création d’un registre national et de la légalisation des rondes de citoyens destinées à assurer la sécurité des quartiers, mais surtout à traquer et à dénoncer les clandestins.
Il semblerait que 60% des Italiens applaudissent ces nouvelles dispositions qui semblent pourtant parfaitement satisfaire aux caractéristiques du fascisme.
Parmi les 40% d’Italiens qui ne se satisfont pas du decreto sicurezza on trouve les écrivains Andrea Camilleri, Antonio Tabucchi, Dario Fo ainsi que d’autres personnalités du monde de la culture qui signent un appel contre cette nouvelle loi. Pour eux, « L’opinion publique européenne doit prendre conscience de la pathologie qui vient de l’Italie et se mobiliser pour empêcher qu’elle se propage en Europe. À chacun de choisir les formes opportunes pour manifester et faire valoir son opposition. »
Parmi ces formes, on citera la pétition en ligne sur MicroMega et le groupe Facebook.
S’il faut encore une raison pour lutter contre cette maladie, bien plus virulente que la grippe A, qui s’attaque à l’Europe, on citera la condamnation du decreto sicurezza par le Vatican qui, déjà en décembre 2007 dans la revue People on the move de la Commission Pontificale pour la Pastorale des Migrants et Personnes en Déplacement, écrivait « Les chrétiens refusent par principe de choisir entre bons et mauvais migrants, entre clandestins et réguliers, entre citoyens pourvus de papiers et d’autres sans papiers. Quels qu’ils soient, ils sont nos frères et sœurs en humanité. »