Derrière le comptoir où étaient étagés, dans des compartiments translucides, des bagels aux saveurs variées, se tenait une serveuse semblant vouloir dissimuler sa fatigue derrière un large sourire. A un tenace accent français, répondit chaleureusement un accent bulgare. Ce point commun eut l’intérêt de permettre un échange. La jeune bulgare avait immigré et travaillait dur dans l’espoir d’études supérieures, transposé sur ses enfants. A travers son histoire, c’est celle des Etats-Unis qu’elle racontait, résumée ironiquement par un simple bagel.
En effet, telle une métaphore, le bagel est originaire d’Europe de l’Est. Arrivé avec les immigrants, il s’est, au fil des ans, transformé afin de devenir le bagel d’aujourd’hui. C’est un anneau de pâte levé, précédemment bouilli dans de l’eau new yorkaise afin de lui conférer le goût de l’authenticité et de lui apporter le moelleux qu’il conserve après sa cuisson au four.
Le bagel se dévore essentiellement au petit déjeuner avec une épaisse couche de cheese-cream en son milieu. Il en existe de toutes sortes : brioché, aux graines, au sésame, à l’oignon, à la cannelle…
En sortant de la boutique, je croquais dans le bagel dénommé : Everything, dont la pâte dorée à souhait et consistante était agrémentée de … tout : oignon, ail, sésame, céréales… Surprise par cette insolite combinaison, et complètement rassasiée, je me dirigeais vers le quai. Levant les yeux sur l’Hudson River, se dressait devant moi, L’Intrépide, le fameux navire de guerre français. Un autre clin d’œil du bagel ?