Il y a des journées hors du temps. Lundi dernier en était une. Je suis partie sur les routes percées de soleil, bordées d’un patchwork céréalier jaune d’or et vert intense, direction la vallée de la Marne, en Champagne. Quittant l’autoroute déserte, j’ai trouvé une route plus sinueuse, côtoyant des coteaux calcaires où la vigne s’enracinait sagement. Le bras de la saisissante statue représentant Urbain II dominant la vallée m’indiquait le chemin.
J’arrivais à Cerseuil, village champenois, berceau de la famille Dehours. Jérôme, jeune vigneron, raconte l’histoire du champagne, qui est un peu son histoire familiale. Au milieu des vignes, il explique la particularité de sa culture raisonnée, dans le respect de la nature. Les bandes séparant des pieds sont enherbées, les pieds de vignes sont ainsi protégés de l’érosion due au ruissellement et à l’abri des intrants (engrais et autres produits chimiques). Il défend l’utilisation du souffre pour combattre l'oïdium, maladie épidémique de la vigne et en profite pour glisser que sa présence dans le vin offre aussi quelques vertus comme un pouvoir antiseptique et un antioxydant, pas si mauvais pour la santé, donc!
Le domaine de Jérôme Dehours s’étend sur 15 hectares et, à l’image du paysage champenois, est morcelé en 42 parcelles. Le vigneron cultive les trois cépages qui sont à l’origine du champagne : le pinot meunier, appelé ainsi car au toucher, les feuilles peuvent paraître farineuses, le pinot noir et le chardonnay (à l’origine des Blancs de blancs). De sa vigne, il ne garde que le meilleur, revendant le reste aux grandes maisons de la région afin de leur donner matière à assemblage. Car le champagne se construit mêlant différents crus, différentes années afin de reproduire l’identité gustative d’année en année.
Avant de faire résonner le bouchon, il faut élever le vin. C’est devant les trois pressoirs en bois, que le conteur champenois délivre avec parcimonie, son savoir-faire : la vinification en barrique de chêne contenant chacune 200 litres, la mise en bouteille, le remuage, le dégorgement (ouverture de la bouteille afin d’ôter le dépôt solide qui s’est créé)… Tout ce travail reste hermétique et à force d’échanger, la gorge s’assèche… Il est temps de goûter au produit fini.
Le « pop » de départ inaugure une longue succession de bouteilles. Un brut sans année m’amadoue sans peine. Lui succède un extra brut produit sans ajout de sucre, qui lui donne une identité vive et fraîche. Le Brisefer extra brut est d’une grande finesse. Je découvre un rosé très pâle et délicat… j’ai du mal à prendre des notes lorsqu’un verre contenant un superbe coteau champenois, issu de vieilles vignes de Chardonnay récoltées en 2002 se présente à mes yeux… J’entends la musique s’élever dans le salon, esquisse quelques pas de danse qui s’intensifient avec la multitude de « pop, pop, pop… » Je me sens légère, légère comme une bulle !
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