Classique - 2009 / 1971 - Isaac Hayes - Black Moses - Un Album Légendaire

Publié le 10 août 2009 par Saab190780



IL y a un an jour pour jour que celui qu'on surnommait le Black Moses s'est éteint âgé de seulement 65 ans. Je n'en avais pas dit un mot à l'époque tout le monde en a parlé, j'ai préféré attendre et commémorer sa mémoire à un moment plus propice. Ce premier anniversaire me semble plus approprié car je suis à peut près sûre que beaucoup de le monde a déjà oublié la mort de cette légende de la soul/funk pour s'appesantir de façon presque scandaleuse sur celle de Michael Jackson. Puis-je avancer qu'il a été compliqué pour moi de choisir l'album que je préfère d'Isaac Hayes dans sa discographie ? J'ai hésité entre Hot Buttered Soul, Shaft, To Be Continued, At Wattstax pour finalement choisir l'épique double album Black Moses qui a bénéficie au débute de cette année 2009 d'une remasterisation légère de l'album et de la réhabilitation de la pochette originale du Lp.
Black Moses est essentiellement un double album de reprises avec seulement deux morceaux originaux : les interludes Ik'e's Rap et Good Love. Un peu à l'image du mythique et insoupçonné Here My Dear de Marvin Gaye, Black Moses s'est construit dans la douleur et on le ressent profondément à l'écoute de l'album. Le ton est assez pessimiste, désabusé, Isaac Hayes en tant qu'interprète apparaît très sobre, juste et fort émouvant. Il en va d'une autre paire de manche avec les arrangements des morceaux : très denses, orchestrés de façon somptueusement et souvent étirés de près d'une dizaine de minutes, le résultat final est tout simplement épique, le genre d'album qui ne pourrait jamais actuellement se refaire dans le domaine de la soul tant il semble démesuré.
Cet album est définitivement mon favori, il me rappelle pourquoi j'aime la soul music, pourquoi je continue à croire au renouvellement de ce genre qui est à l'heure limité à un revival (de très grande classe : Lee Fields, Sharon Jones, Alice Russell, Kinny, Kylie Auldist, James Hunter, Mayer Hawthorne, Raphael Saadiq, etc.), à un genre mixé avec un son lounge/éléctro qui semble donné un brin d'espoir (Naked Music, InLove, Vikter Duplaix, etc.) et à un horrible mélange avec la pop (Rihanna, Beyoncé, etc.). Quelques commentaires : le premier disque s'ouvre avec une version plus sombre et sensuelle de Never Can Say Goodbye des Jackons Five, frissons en perspective sur ce morceau transcendé par la voix de baryton d'Isaac. (They Long To Be) Close To You de Bacharach prend une nouvelle tournure dans les mains de ce grand musicien. L'espoir et la mélancolie dégagés originellement par cette song s'est transformé en désillusion. D'une durée de dix minutes cette version est un petit chef d'oeuvre avec ses choeurs angéliques et un son urbain.
On retrouve le côté funky et plus enlevé d'Isaac sur le superbe et désarmant Man's Temptation. Très grand higlight et le groovy symphonique Part-Time Love qui est tout simplement époustouflant durant ses presque neuf minutes de longueur ! Le dramatico théâtral et sirupeux Going Circles enveloppe somptueusement l'auditeur tandis la reprise Never Gonna Give You Up de Jerry Butler se révèle meilleure que l'originale, petit miracle de groove et de sensuallité. Le summum est peut ête atteint par Ike's Rap 2 qui a influencé considérablement des groupes comme Portishead et Tricky. Deux minutes de bonheur intenses et ténébreuses, un son qui se révèle un petit chef d'oeuvre d'avant-garde. Le funk/rock de Good Love apporte une magnifique bouffée de fraîcheur à l'ensemble tandis que que le lascif et aérien Your Love Is So Doggone Good est une merveille de luxure. Les reprises For The Good Times et I'll Never Fall In Love Again (Dionne Warwick) montrent qu'Isaac Hayes est au top de son art. Renversant.
Chef d'oeuvre sensuel, romantico-mélancolique rehaussé par une Isaac Hayes sobre et des arrangements somptueux.
Note Finale : A+++