Samedi, un homme se fait sauter devant l'ambassade de France à Nouakchott, la capitale mauritanienne. La France a été l'un des rares pays à soutenir, très tôt, le général putchiste devenu depuis président après un élection contestée.
La France de Nicolas Sarkozy est-elle en passe de subir un véritable fiasco diplomatique ?
En Iran, le procès honteux
Tout est possible en Iran. La jeune universitaire figure à son procès, accompagnée, à sa droite, d'une policière iranienne. En public, elle s'est accusée, suivant un cérémonial digne des procès de Moscou des années 40: « J'ai écrit un rapport d'une page et je l'ai remis au patron de l'Institut français de recherche en Iran qui appartient au service culturel de l'ambassade de France. » Et encore: « Les motifs de ma participation aux manifestations étaient personnels (…) mais j'accepte que c'était une erreur et je n'aurais pas dû participer à ces rassemblements. (…) Je demande pardon au pays, au peuple et au tribunal d'Iran et j'espère que je serai graciée. » Deux autres étrangers travaillant pour des ambassades étrangères figuraient dans le box des accusés, tels Hossein Rassam de l'ambassade de Grande-Bretagne et Nazak Afshar, une franco-iranienne de 50 ans du service culturel de l'ambassade de France. Le fils de cette dernière a pris à partie les médias vendredi dernier:
La France maladroite ?« Elle a été arrêtée sans mandat et interrogée sur des mails qu'elle a envoyés à des amis et dans lesquels elle racontait les manifestations. Son ordinateur a été confisqué il y a quinze jours.
Son seul crime est d'être française et de travailler pour l'ambassade française depuis dix-huit ans. Elle est prise en otage par une justice injuste. »
A l'annonce du procès de Clotilde Reiss, le Quai d'Orsay a réclamé officiellement sa libération immédiate. Dimanche 9 août, Bernard Kouchner s'est à nouveau exprimé, cette fois-ci sur LCI: "Je veux m'adresser avec force aux autorités iraniennes : ces allégations ne tiennent pas. Clotilde Reiss n'est coupable de rien du tout". Le 6 juillet dernier, Nicolas Sarkozy avait également dénoncé cet emprisonnement. Depuis son élection, le président français a adopté une position brouillonne face à l'Iran, un mélange de provocations verbales sans lendemain et d'ouverture : il s'est montré particulièrement hostile à l'Iran, mais en même temps il a toujours laissé la porte ouverte à un équipement nucléaire civil de l'Etat perse. Sarkozy a ainsi prêché les sanctions, appelé à la société civile (?), installé une base française à quelques kilomètres des côtes de l'Iran, et critiqué "l'ampleur de la fraude" électorale lors du scrutin de juin dernier. Mais il persiste aussi à proposer un accord nucléaire civil si l'Iran renonçait à ses plans militaires.
Une position qui tranchait avec le constat lucide de Barack Obama: "La différence entre M. Ahmadinejad et M. Moussavi en terme de politique pourrait ne pas être aussi grande que ce qui a été dit, avait-t-il déclaré en juin dernier. "D'un côté comme de l'autre, nous allons traiter avec un régime iranien historiquement hostile aux Etats-Unis."
La "fermeté" française se veut "originale". Qui peut croire que confier la technologie nucléaire civile à l'Iran l'empêchera de maîtriser des armes nucléaires ? S'agit-il, pour Sarkozy, d'un constat d'échec masqué sous des déclarations péremptoires ?
Candidat, Sarkozy ne disait pas autre chose: « Si je suis président de la République, je me battrai sur deux fronts, d’abord des sanctions sur ce régime iranien, et deuxièmement pour l’unité de la communauté internationale » avait-il expliqué le 28 avril 2007, quelques jours avant le second tour de l'élection présidentielle française. « On ne peut pas laisser le président iranien avec dans ses mains l’arme nucléaire, c’est absolument insensé... J’ai confiance dans les débats internes en Iran. Il faut que les sanctions obligent la société civile iranienne à prendre position et à faire céder le gouvernement iranien. »
L'échec de la constestation post-électorale en Iran en juin dernier l'a-t-il fait changer d'avis ?
En Mauritanie, le mauvais camp
Nicolas Sarkozy a rapidement choisi le camp de Ould Abdel Aziz, le général putchiste en 2008. L'élection présidentielle qui s'est tenue il y a peu a été contestée. La Sarkofrance n'en a cure. On applaudit avec Alain Joyandet, le secrétaire d'Etat à la Françafrique. Samedi, un homme a joué les kamikazes. Il s'est fait sauter avec une bombe devant l'ambassade de France dans la capitale mauritanienne. "Une source policière a assuré samedi soir à l'AFP que le kamikaze était un Mauritanien né en 1987 et "formellement identifié comme un membre de la mouvance jihadiste"." Joyandet ne peut qu'être lucide: "je crois que l'attentat est surtout en relation avec l'élection du président Mohamed Ould Abdel Aziz qui a indiqué qu'il était déterminé à s'attaquer à Al-Qaïda". "Evidemment la France s'est réjouie de cette position, donc, dire que la France est visée, on ne peut pas dire le contraire".
"En Afrique, la France n'est ni efficace, ni honorable", écrivions-nous il y a quelques heures, sans avoir connaissance de cet attentat.
Fiasco, vous avez dit fiasco ?&alt;=rss