Retour en arrière : vendredi 16 h, Terrasse du Théâtre la Marjolaine, une discussion sous le thème « Les grands négligés d’Amérique » avec Bernard Andrès, Serge Bouchard et Dany Laferrière. Animateur Stanley Péan.
Une remarque laissée en commentaire par Claudel, ainsi qu’une autre cueillie sur place par un participant m’a fait réaliser qu’il serait bon de toucher un mot sur le déroulement de ces Cafés littéraires. Avant tout, disons-le sans gêne, c’est ce qui attire le plus de visiteurs. La Terrasse se remplit rapidement et il arrive que l'on refuse des personnes. Ce sont des rencontres d’environ une heure et demie sous forme d’entrevue détendue. Habituellement, il y a trois participants, cela peut être deux, celle de Catherine Mavrikakis et Marie-Claire Blais en est un exemple. À chaque fois, c’est le même phénomène. La rencontre commence par des questions qui ont rapport avec le thème de la rencontre, les réponses sont réservées, posées. Et puis, progressivement, est-ce le fait d’être à l’extérieur, respirant bon l’oxygène d’une montagne, d’entendre les oiseaux, de sentir le vent, le soleil, ou tout simplement de contempler le sourire, la joie palpable de l’assistance, leur réaction ouverte et vivante aux réponses, eh bien - et ça se produit à chaque fois à divers degrés - l’écrivain se détend et se met à parler librement de lui, en tant qu’écrivain, et même en tant qu’humain. Il s’épanche, il s’ouvre grand. Et on en sort grandis.
Les premières fois que tu assistes à ce phénomène, tu te dis justement que c’est de l’ordre de l’exception. Après quelques Cafés, tu commences à en faire une règle, assez pour le mentionner dans un blogue ! Voilà qui était pour l’explication, ces Cafés ne sont pas comparables à ces rencontres d'écrivains dans les Salons du livre. C'est mon avis et je vous invite à venir vérifier si je prêche pour mon village !
Pour ce dernier Café de la journée, je regrette ne pas avoir eu de magnétophone, j’aurais été en mesure de mieux partager le propos, je devais être fatiguée, j’en ai retenu peu.
L’inoubliable est la verve de monsieur Serge Bouchard qui est expansif et captivant à froid, alors imaginez quand il se réchauffe ! Car il faut rajouter ici de franches affinités avec Dany Laferrière. Ces deux là se relayaient et renchérissaient un sur l’autre jusqu’à atteindre des sommets d’éloquence sur plusieurs sujets dont l’environnement et la technologie. Ils ont aussi beaucoup parlé de la situation à Haïti, et encore beaucoup du territoire. Du confinement au folklore qui étouffe des peuples, comme les amérindiens. Une information m’a particulièrement frappée, aucun roman encore n’a été publié chez eux. De la poésie, des contes mais pas de roman, ce qui voudrait beaucoup dire, d’après ces messieurs. Bernard Andrès, quand il y arrivait, amenait de l’eau au moulin ... de paroles ! Aucun débat, que de la complémentarité et de la connivence.
L’animateur Stanley Péan ? Extrêmement détendu, ces personnes s’animant eux-mêmes ! Son écoute était grande cependant, il parsemait le tout de mots d’esprit très à propos.
Malgré tout, trois Cafés littéraires en une seule journée, c’est peut-être un peu beaucoup pour moi. Mais monsieur Dany Laferrière me dirait de ne pas m’inquiéter, le silence est un bon signe, on assimile.