Enseigner et avoir des troubles cognitifs, impensable, contradictoire. J'ai eu une grande chance car cette atteinte encore légère chez moi n'est apparue que fin 2008 (je ne
travaille plus depuis fin 2006). J'aurais été obligée de démissionner immédiatement car je suis honnête!
Ca a commencé par des troubles de la mémoire que j'ai été la première à remarquer: le mot on nom qui manque, titre de film, de chanson ou acteur,
chanteur... En général c'est la mémoire à court terme, la mémoire vive. Le nom ou mot revient quelques heures plus tard; ou le soir au repos.
Parfois c'est la mémoire plus ancienne qui flanche, et là je fais comme tout le monde: je ruse, je cherche avec des amis ou sur internet...
Parfois ma langue fourche et je fais des lapsus inhabituels: voir ma page spéciale à droite en haut sur le blog!
J'ai toujours pris beaucoup de notes. J'avais une mémoire photographique et me retrouver avec une mémoire imparfaite me fait horreur!
Alos je note tout, je fais des listes... J'ai un bloc note sur mon iphone. Lundi j'ai 4 coup de fil urgents à passer. Souvent le nombre de choses à faire suffit pour me les rappeler.
De temps en temps mais rarement, ouf, il m'arrive d'oublier un ou deux trucs urgents et j'en paye le prix. Pas le choix. Au groupe SEP chacun est la mémoire des
autres et on se sert de pense-bête mutuel!
Il ne m'est encore rien arrivé de grave ou de très gênant à cause de cela. J'en ai parlé ouvertement dès que je m'en suis aperçue.
Ce qui me gênait au boulot, c'est quand j'oubliais un truc pas grave et qu'une collègue faisait le lien avec ma maladie alors qu'elle-même, valide, avait une mémoire très insuffisante, voire
nulle!
C'est toujours moi qui rappelais les dates et salles de conseils de classe!
Il faut savoir que l'entourage, s'il est malsain, va se servir de ce trouble pour l'amplifier, tenter de nous mettre sur le dos des oublis qui ne proviennent pas de nous. Vigilance! Je me suis
débarrassée d'une aux de vie comme ça qui essayait de me lourder!
Autre trouble pire pour une ex prof: les troubles du langage et de l'élocution. Je connais des SEPiens qui ne peuvent plus parler du tout, ou qui parlent de façon incompréhensible et hâchée.
Chez moi c'est apparu courant 2009, en cas de grande fatigue: séance de travail APF parfois et une fois en témoignage école: je bafouille, bégaye,
parfois je ne retrouve plus un mot... Les élèves en écoles me demandent pourquoi je n'enseigne plus: je leur dis que ma motricité est insuffisante ainsi que ma mémoire, voire le langage par
moments.
Je fais des périphrases en public et ça roule! J'étais prof, donc je m'en sors toujours!
Mais la perte de ces facultés est très humiliante et traumatisante, car pour l'extérieur, c'est synonyme de déficience mentale, ce qui est archi faux!
Lecture et concentration: moi qui dévorais avec plaisir des pavés, je mets un temps fou depuis fin 2006 à lire
magazines et livres: mémoire vive encore. Un ami SEPien, Y., lui, ne lit plus epuis 20 ans!!!
Je me bats et me force à lire et à raconter, partager, faire des compte-rendus...
Ne pas rester seul, voir une neuropsy et son neurologue, prévenir l'entourage avec précaution.
Lire aussi mon article sur les troubles cognitifs SEP réalisé après le passage au groupe d'une neuropsy
d'alSacEP:
50 à 70% des sclérosés en plaques en souffriront
un jour...