Profondément écologiste même s'il n'emploie jamais ce terme, l'écrivain voue sa vie à la sauvegarde de la nature, intimement persuadé que l'Homme n'est qu'un infime élément de cette nature à laquelle il doit tout et qu'il ne survivra que tant qu'elle vivra. OBrien s'est donc installé dans un ranch à Broken Heart, sur les terres occupées autrefois par les Indiens et Sitting Bull. Ces terres qui virent paîtrent des millions de bisons mais qui lentement disparaissent stérilisées par l'agriculture et les élevages bovins. Car les vaches et les bisons ce n'est pas du tout pareil et c'est un des nombreux mérites de ce livre que de nous enseigner de nombreuses choses, comme les différences de comportement entre ces deux espèces, l'une saccageant la prairie et n'y survivant qu'à grand peine, l'autre y vivant de rien et favorisant son extension et son écosystème qui lui-même profite à de nombreuses autres espèces comme les oiseaux ou les petits rongeurs.
Alors pour faire revivre les Grandes Plaines et les bisons, ces animaux absolument magnifiques, symbole de force tranquille et de liberté, O'Brien se lance dans l'élevage des bisons. Emprunts risqués, travail de force par tous les temps, dureté de la vie mais bonheur total de vivre libre et d'être maître de son destin. Tout du long de ce livre superbe, à travers les joies et les peines, on touche du doigt la « vraie » vie, celle où il n'est question que de pain gagné à la sueur de son front, de saisons et de rythmes dictés par la nature.
Encore un grand livre de Dan O'Brien dédié au Grand Ouest américain mais au-delà, à la vie et à notre mère à tous, la nature éternelle.
« Depuis les cinquante Etats, et depuis des endroits éloignés comme New Dehli, j'ai reçu des messages de personnes qui ressentent une réelle affinité pour les Grandes Plaines et leurs bisons. La réaction humaine devant le cri de détresse de ces terres et de ces animaux est universelle. Je me demande si elle n'est pas liée à un désir de cette liberté de mouvement symbolisée par les Grandes Plaines, mais aussi à notre culpabilité collective face à l'incompréhension générale de ses dynamiques naturelles. »
Dan O'Brien Les bisons de Broken Heart chez Folio