Nous arrivions à Xi’an à 9h18. Il fait déjà très chaud. Heureusement, nous nous promenons en slip et en tong, du coup, nous ne souffrons pas trop de la chaleur. Xi’an et le Shaanxi sont un des berceaux historiques de la civilisation chinoise. Le premier empereur de Chine, le célèbre Qin Shi Huangdi avait établi sa capitale quelques kilomètres au nord de la ville actuelle. Après la chute des Han, la ville se déplace vers le sud et prend le nom de Chang’an. La ville connaît son âge d’or sous la dynastie Tang et prospère grâce au commerce de la soie. Après la chute des Tang, au Xe siècle, le centre du pouvoir se déplace vers le Nord et la ville décline. Quand Marco Polo traverse le Shaanxi, au XIIIe siècle, l’ancienne capitale n’est plus que l’ombre d’elle même. Le voyageur italien n’est pas tendre quand il écrit : « Chang’an (Xi’an) est la ville la plus ennuyeuse et la plus misérable de Chine. Il faut faire des kilomètres pour trouver un flippeur et les spaghetti sont exécrables. » Comme le Livre des Merveilles nous sert de guide de voyage, nous décidons de ne pas nous attarder dans la vieille ville. (Au départ je devais emmener le Guide du Routard mais je l’ai oublié chez mon copain Maurice) Nous décidons par conséquent de passer la journée au magasin Carrefour où nous avons bon espoir de trouver des rillettes du Mans et du Beaujolais.
Parmi toutes les merveilles que nous avons vu en Chine, ce magasin Carrefour et sans conteste la plus belle et la plus impressionnante. Sa surface est deux fois supérieure au Carrefour de Toulouse (le plus grand de France) et il s’étend sur deux étages. Nous marchons pendant des heures entre les allées garnies de produits de toutes les régions du monde. C’est bien simple. Le magasin est tellement grand que nous avons acheté une carte de randonnée des allées à l’office de tourisme.
Des milliers de chinois déambule au milieu des allées comme les bonzes venus prier dans le nouveau temple de la consommation. Avec une joie avide, nous remplissons notre caddie de tout ce que nous pouvons trouver. Au moment de passer à la caisse, je me remémore les conseils de nos amis avant de partir en Chine. « N’oubliez pas de négocier les prix sinon ils vont vous faire payer deux fois plus cher. » Décidé à suivre ce conseil au pied de la lettre, au moment de vider le caddie, j’entreprenais de négocier chaque article : « Quoi ? 10 yuans pour cette brosse à dent ? Je vous en propose 2 yuans ! 50 yuans une bouteille de Beaujolais ?? Vous voulez ma mort ? Allez, je vous en propose 3 yuans et c’est bien payé. Bon d’accord, 4 mais vous ajouter un verre de dégustation. » À 18h30, j’avais déjà négocié la moitié du caddie, puis Fabrice m’a fait remarqué que c’était l’heure de l’apéro. Du coup j’ai tout laissé en plan et nous sommes allés manger des moules-frites dans une Brasserie Belge de la galerie marchande.