Obtenir un visa pour la Thaïlande quand on n'est pas passé par un consulat avant le départ n'est pas une mince affaire. Il se trouve qu’à la Réunion il n'y a pas de consulat Thaïlandais. Il se trouve à Maurice et Maurice se trouve à 350 euros de la Réunion. A multiplier par deux car je doute que l'on obtienne le visa en une seule fois. Je suis donc parti sans visa. A l'arrivée a Bangkok on vous délivre ce que je croyais être un visa mais qui est en fait une simple autorisation de séjour valable 30 jours.
Lorsque j'ai voulu faire prolonger mon "visa' de un mois le service d'immigration de Samui, à Nathon la "capitale", m'a fait savoir :
Que je n'avais pas de visa
Que je ne pouvais obtenir qu'une prolongation de 7 jours
Mais que cette prolongation me coûterait néanmoins le prix d'un visa, soit près de 2000 bahts ou 40 euros. L’administration Thaï a un sens aigu du commerce.
Que dans sept je jours je devrai quitter impérativement le royaume
Toute cela avec un grand sourire sur les lèvres, un peu assombri quand même par une lueur peu amène dans le regard. Très fréquent en Asie : les lèvres sourient, mais pas les yeux.
Quand vous avez l'intention de vous installer pour la retraite dans le dit royaume toute ces révélations, assenées d'un coup, font un peu l'effet d'une douche froide.
J'étais un donc un peu désemparé quand un ami m'a informé que la solution à mes problèmes se trouvait, en face de l'Immigration de Nathon, juste de l'autre coté de la rue, chez Herr Herbert, figure très connue de Samui. Là, une secrétaire, charmante au demeurant, m'a expliqué, dans son anglais un peu difficile a comprendre pour un français, les procédures à entreprendre.
Herr Herbert, allemand comme son nom l'indique, est un homme entreprenant et avisé qui a mis en place tout un système pour dépanner, moyennant finances natürlich, les touristes en mal de visa en Thaïlande. Il organise des "Visa trips" à ne pas confondre avec les "Border Trips" vers la Malaisie, pays limitrophe le plus proche de Samui.
Avec le Visa Trip on part pour deux jours et trois nuits en mini bus climatisé très confortable vers Kota Bharu, en Malaisie, où se trouve un consulat de Thaïlande. On fournit a l'avance tous les documents nécessaires (et ils sont nombreux) et si tout va bien, grâce à l'entregent de Herr Herbert qui connait par coeur les rouages des administrations malaises et thaïlandaises, ce qui n'est pas rien, on obtient le visa souhaité.
Il existe plusieurs sortes de visa. Pour un retraité de la fonction publique française, ce qui est mon cas, il suffit en fait de produire, outre le passeport et tous les documents nécessaires à la sortie de Thaïlande et à l'entrée en Malaisie, une copie du titre de pension officiel, lequel présente l'avantage de stipuler le montant annuel et mensuel de la pension. En effet, pour obtenir le droit de séjourner plus d'un mois en Thaïlande, c’est avant tout une question d’argent. Il faut pouvoir justifier de 16000 euros sur son compte en banque ou des revenus mensuels correspondants. N'ayant pas de visa au départ je n'ai pu obtenir que trois mois. Si j'avais eu déjà un visa, si l'administration Thaïlandaise avait été bien disposée, et avec l’aide d’un Herr Herbert très en forme, j'aurais pu obtenir directement le visa de résident retraité d'une durée d'un an.
Me voila donc avec un visa touristique de trois mois qu'il va me falloir maintenant faire transformer en visa de retraité d'un an. Je ne sais encore si je dois recommencer un voyage en Malaisie ou s'il me suffit de m'adresser au service d'immigration de Samui. En principe pour un retraité fonction publique cela ne devrait pas poser trop de problème. Par la suite il conviendra encore de faire viser ce visa tous les trois mois par l'Immigration de Samui. Ce qui est contraignant certes, mais très peu en comparaison du marathon vers la Malaisie.
Le visa border consiste lui a faire renouveler un visa touristique de trois mois, en sortant de Thaïlande, vers n'importe quel pays limitrophe (et ils sont nombreux) et en rentrant de nouveau en Thaïlande. C'est beaucoup plus rapide puisque dans ce cas il ne faut pas se rendre dans un consulat mais simplement vers n'importe quel poste frontière. Ce qui, depuis Samui, peut être fait en une journée, fatigante elle aussi, vers la Malaisie.
Coût de l'opération : pour le Visa Trip, c'est pas loin de 5000 bahts pour Herr Herbert (Danke Schoen) et 2700 bahts pour l’administration Thaïlandaise. Pour un Border Trip c'est 1800 bahts environ.
Il existe d'autres types de visa, beaucoup plus onéreux, comme celui de 3 ans pour les membres de sociétés étrangères résident en Thaïlande.
En ce qui concerne le déroulement du voyage nous sommes partis de Donsak, sur le continent, a 15 heures, avec 2 mini bus 10 places, dont le premier conduit personnellement et fort vivement par Herr Herbert en personne. Nous sommes arrivés vers 10 heures du soir à l'Hôtel Imperial, très bel hôtel mais au cachet un peu soviétique quand même, près de la frontière Malaise. La bas, c'est couvre feu à partir de 6 heures du soir car c'est la guerre avec certains musulmans malais qui n'aiment pas beaucoup les thaïlandais, lesquels le leur rendent bien. Donc, des barrages et des checkpoints partout et interdiction de sortir de l'hôtel. Si vous ne comprenez pas Herr Herbert qui possède sur le bout des doigts l’art de vous mettre la pression, vous informera que vous risquez juste d'être proprement descendu « comme deux touristes la semaine dernière » nous a-t- il précisé avec un sourire que je qualifierais de sarcastique parce que je suis gentil. A l'arrivée séance de « brain storming » avec Herr Herbert qui ramasse les passeports, accessoirement l'argent, et nous donne les instructions pour le lendemain. En anglais bien entendu. Si vous etes français et que comme tout français qui se respecte vous parlez l’anglais comme une vache espagnole il ne vous reste plus qu’a passer un très mauvais moment.
Les "instructions" de Herr Herbert sont du genre :
"- Départ demain à 5h30. 5h 30, cela signifie tout le monde dans les bus à 5h 30. A 5h31 nous partons, et les retardataires se débrouilleront pour rentrer en Thaïlande par leurs propres moyens. "
Sous les balles des rebelles et sans visa ! Sur ces chaudes paroles la séance est levée vers 23h30. Un rapide repas au restau de l'Imperial Hôtel. qui n'a rien d'impérial d'ailleurs, le repas pas l'hôtel, quelques bières avalées en guise de somnifère (pour oublier Herr Herbert ) avec un anglais et un irlandais qu'il vaut mieux avoir en photo qu'en pension, et direction le lit pour quelques heures de sommeil.
Départ le lendemain a 5h30 très précises. Il manque une personne : l'irlandais avec qui j'ai bu quelques pintes la veille. Je suis très déçu : je croyais que les irlandais tenaient mieux l'alcool ! Bien entendu, et comme promis, Herr Herbert n'attend pas trois minutes et nous voila partis vers la Malaisie. Toute la journée se passe ensuite en attentes interminables et visites répétées d'un complexe marchand de Khota Bahru. Vers 15 heures, alors que je connais par coeur toutes les boutiques informatiques du dit complexe et que je commence à appeler les vendeurs par leur prénom, retour de Herr Herbert avec les passeports et les précieux visas censés les adorner.
Certains parmi nous sont déçus (il a manqué un papier) mais dans l'ensemble tout s'est bien passé. Même le belge qui pleurait sa mère toute la journée parce que son avocate avait oublié de joindre un document à son dossier, a quand même obtenu son visa de trois ans. L'irlandais égaré a finalement réussi à nous rejoindre par ses propres moyens et a obtenu lui aussi son visa. On repasse la frontière et direction Hat Yai, une grande ville sur la route du retour. On se retrouve dans un pub très fréquenté où la plupart de mes compagnons sont restés de 7 heures du soir à 1 heure du matin. Quant a moi, sur les conseils de ce bon Herbert, j'ai choisi de passer les heures qui restaient dans un excellent hôtel des environs. Pour 250 bhats seulement, soit 5 euros, j'ai pris une bonne douche, et j'ai dormi trois heures, seul, dans une chambre climatisée. J’aurais très bien pu ne pas être seul mais j’avais vraiment besoin de me reposer.
A 1 heure, pétante (en anglais : sharp) pas de retardataire cette fois ci, tu m’étonnes, départ en bus vers la Thaïlande. Sur la route un violent orage et un arbre qui s’écroule en travers de la chaussée, juste devant nous ! Ce qui m’a permis de constater :
Que notre chauffeur avait de bons réflexes,
Que sa formation toutefois laissait un peu à désirer quand même car il s’est contenté de sauter sur le frein, sans jamais songer à rétrograder. Le meilleur moyen de faire un tonneau.
Ce qui a eu pour effet de me flanquer une bonne peur rétrospective car nous avons roulé une bonne partie de la nuit, à plus de 120 à l’heure, sous une pluie battante.
Encore quelques heures de route et à 6 heures du matin nous prenons le premier ferry à Donsak, direction Koh Samui. Fin du long voyage.
Ouf ! Je ne ferai pas cela tous les mois !
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